27 janvier : Majmouth Diop, le père de la gauche sénégalaise s’en est allé en 2007

Majmouth Diop, leader historique du Parti africain de l'indépendance (PAI, gauche), décédé le 27 janvier 2007 à l'âge de 84…

Majmouth Diop, leader historique du Parti africain de l’indépendance (PAI, gauche), décédé le 27 janvier 2007 à l’âge de 84 ans à l’hôpital principal de Dakar, a laissé derrière lui 50 ans de vie de militant et une classe politique orpheline d’un maître.

« Il m’a téléphoné dimanche vers 6 heures pour me demander de présenter ses excuses à nos camarades de Touba parce qu’il disait qu’il ne se sentait pas bien. Il est mort les armes à la main si on peut dire », a déclaré à l’APS Siaka Sané, secrétaire national chargé de l’organisation du PAI.

Se disant « compagnon de 30 ans » du défunt leader, M. Sané a présenté, la voix étreinte, le disparu comme « un monument pour la classe politique » et « un grand homme auprès de qui tout le monde a appris, ici au Sénégal et ailleurs en Afrique ». Majmouth Diop est comme « un père de famille » chez les hommes de gauche sénégalais, même si certains comptes politiques n’ont pas été tout à fait soldés.

Les rancœurs sont des ressentiments tenaces ou des suites de grande désillusion, mais « le camarade Maj » (nom affectueux que les militants donnaient au défunt leader) garde une influence profonde dans la classe politique locale. La naissance de la plupart des partis de la gauche dite « historique » est une conséquence des contradictions internes au PAI dont le résultat a été une série de dissidences. L’élargissement du multipartisme, devenu « intégral » avec Abdou Diouf, a ouvert une grande saignée au PAI et une multiplication des divergences d’orientation. Le vieux gauchiste a séduit au-delà de son petit monde. Chez les nationalistes et dans d’autres courants politiques, il compte des admirateurs. Un marxiste sénégalais nous confiait récemment, avec une petite morgue pour les anciens du PAI, qu' »ils ont tous été subjugués par le camarade Maj ».

« Le Sénégal perd un patriote à un tournant extrêmement important pour la nation. La situation actuelle l’a tellement préoccupé qu’il en a souffert », avait confié Siaka Sané. « Son amour pour le Sénégal, son attachement à la nation et surtout son patriotisme pour l’indépendance font qu’il appartient à la race des grands hommes du continent africain », a-t-il ajouté.

Docteur en pharmacie, le président Majmouth Diop est membre fondateur du Parti africain de l’indépendance en 1957 d’obédience du « socialisme scientifique ». Il a été dissous en 1960 à la suite des troubles occasionnés lors des élections à Saint-Louis, sa ville natale. Majmouth Diop a passé un an en prison et son parti a vécu 16 ans de clandestinité. Son retour d’exil s’est passé en 1976, avec le début de l’ouverture du régime du président Léopold Sédar Senghor à la démocratie. Sous Abdou Diouf, remplaçant de Senghor, Dr Diop n’a pas connu grande fortune dans son combat politique « pour la libération nationale ». Sa participation à la présidentielle de 1983 a été sanctionnée par un faible score qui a davantage marginalisé le PAI.

Cependant, les deux hommes se sont rapprochés par la suite. En 1999, le président Diouf avait désigné Majmouth Diop parmi les 12 hommes qu’il devait nommer pour le Sénat que le Parti socialiste venait d’instituer. A cet effet, le vieux militant avait demandé à voter « non » au référendum de janvier 2001 qui appelait, entre autres, à la dissolution du Sénat dont il était vice-président. Ce projet de constitution a été proposé par le nouveau chef de l’Etat, Abdoulaye Wade. Durant ses dernières années, Majmouth Diop s’était réconcilié avec le président Wade qu’il a connu au Sénégal, puis en France alors qu’ils étaient, tous deux, étudiants, dans les années 50. Le PAI faisait alors partie de la mouvance présidentielle.

Archives d’APS.sn

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