Le recours à l’hymenoplastie, chirurgie esthétique permettant une reconstitution de l’hymen, constitue pour les jeunes filles, une tentative de réintégration de la norme sociale reposant sur la réalisation du projet matrimonial, a soutenu la sociologue Selly Ba, dans une interview publiée mercredi par Le Soleil.
‘’L’hymenoplastie est une technique médicale qui permet aux jeunes filles de recouvrer leur virginité. Par cette stratégie, elles tentent de réhabiliter leur statut de jeunes filles et de réintégrer la norme sociale qu’est la réalisation du projet matrimonial’’, a-t-elle notamment déclaré dans les colonnes du quotidien national.
Pour l’enseignante et chercheure, la virginité des filles en tant que valeur et fait social n’est pas épargnée par le processus de mutation traduit par un dysfonctionnement des instances de socialisation telles que la famille, l’école, les médias, etc.
‘’Aujourd’hui le fait d’avoir des relations intimes en dehors du mariage ne représente plus un danger pour certaines jeunes filles, avec les nouvelles techniques médicales comme l’hymenoplastie. Cette chirurgie réparatrice de l’hymen est une technique médicale qui permet aux jeunes filles de recouvrer leur virginité’’, a souligné docteur Ba.
Néanmoins, elle rappelle que l’absence d’hymen, caractérisant la perte de virginité, reste une conception ne se révélant pas toujours fiable au regard de la possibilité pour certaines jeunes filles de perdre leur virginité sans pour autant avoir des relations sexuelles, alors que d’autres naissent sans hymen.
‘’La virginité, à travers la symbolique du sang, signifie l’intégrité du corps de la jeune fille. C’est pourquoi la tante paternelle de la jeune mariée prenait soin (après la nuit nuptiale) de montrer le pagne tacheté de sang à la famille afin de prouver que la fille était vierge’’, a-t-elle expliqué.
‘’Cette publicité renseigne sur le poids de la collectivité dans la gestion de la sexualité des femmes. Cela montre que la virginité s’avère être un facteur de contrôle de la sexualité des femmes’’, a analysé la sociologue.
Selon elle, le recours à l’hymenoplastie comme ‘’subterfuge de réparation’’, qualifiée ‘’d’issue salutaire face à la rigidité sociale’’, constitue dans le même temps une manière pour les jeunes femmes de faire face à cette pression sociale.
Il s’agit d’une ingéniosité des jeunes femmes qui se dresse dans un contexte de société patriarcale, débouchant sur la logique masculine basée sur la virilité, l’exploit et la fuite des responsabilités face à celle féminine de soumission, de faiblesse, d’attitude candide et d’absence de fermeté, a insisté l’enseignante-chercheure.