Dakar le 30 septembre 2018
Discours programme du Président Abdoul Mbaye
« Quelques uns de nos engagements pour reconstruire le Sénégal »
Abdoul Mbaye
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Chers invités,
Chers compagnons,
Chers compatriotes résidant au Sénégal et à l’étranger,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Le deuxième Congrès du Parti de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail, qui se tient si opportunément en ces temps cruciaux de l’histoire politique et sociale de notre pays, réunit des femmes, des hommes et des jeunes du Sénégal, ayant en partage l’adhésion aux valeurs supérieures et aux principes forts qui ont toujours imprégné notre marche vers la liberté, le travail, le progrès et la solidarité.
Aussi ne surprend-il personne que d’autres femmes, d’autres hommes et d’autres jeunes appartenant à d’autres groupements politiques mais attachés comme nous tous à ce corpus de valeurs et de principes, nous fassent l’honneur et l’amitié de venir partager avec nous, ces grands moments de démocratie de masse.
C’est pourquoi, je voudrais très chaleureusement saluer la présence de tous ces éminents dirigeants et responsables de l’Opposition sénégalaise, des mouvements citoyens partenaires qui ont tenu à marquer de leur présence cet important moment. Leur présence à nos côtés, est symbolique et en même temps significative de l’âpreté et de l’urgence des enjeux qui interpellent tous ceux qui sont soucieux du présent et du devenir de notre cher pays.
En effet, des pratiques politiques étalées dans la durée sur plus d’un demi-siècle ont largement contribué à abîmer de façon progressive et insidieuse, le socle de nos valeurs. Elles l’ont fait à un point tel que la restauration de ces dernières, plus qu’un impératif politique, est devenue une forte exigence citoyenne, sociale et identitaire pour ne pas perdre notre âme et voir notre peuple voué à la décadence.
La restauration de ces valeurs concerne aussi bien la sphère politique que sociale. Elle doit être comprise comme correspondant à une requête des populations sénégalaises en situation d’éveil de conscience politique après plusieurs années de vécu politique et le passage de deux alternances. Les valeurs les plus malmenées ces dernières années, et en particulier par le présent régime, sont : la vérité, l’amour de la patrie, le respect de la parole donnée et de l’engagement public et solennel, la justice (à comprendre au sens large comme fin des injustices de toute sorte), le respect du principe de solidarité dans la réalisation de la croissance économique et dans son partage rationnel, juste et efficient.
Ici, sont donc réunis des hommes et des femmes, parmi les plus résolus des combattants qui se sont dressés mus par le dessein de porter et diriger la lutte pour défendre et préserver tous les acquis pour lesquels, des générations de Sénégalaises et de Sénégalais n’ont jamais ménagé leur sueur, quelquefois leur sang et quand il le fallut aussi, leur vie.
Ce sont les vertus de jom, de ngor, de mougne, assises sur la foi profonde ancrée dans nos cœurs et nos esprits ainsi que sur un remarquable consensus politique, œuvre d’hommes et de femmes de grande qualité, qui ont fait que notre pays a toujours évolué en paix et en totale harmonie. Quelques furent les soubresauts, le Sénégal pouvait compter sur le comportement de dirigeants chevaleresques qui savaient, au nom de l’éthique, jusqu’où ne pas aller.
Quand donc des travers mesquins, opportunistes, rétrogrades et exclusivistes, visent à travestir la loi, à instrumentaliser des pouvoirs – singulièrement le judiciaire – à brimer et à humilier des adversaires, à chercher à mettre une chape de plomb sur les hommes libres et sur la société, juste pour permettre à la famille et au clan d’accumuler, d’encore accumuler, de toujours accumuler au détriment d’un peuple, presque devenu exsangue ; alors, face à la gravité d’une telle situation qui peut durablement affecter l’équilibre de notre pays aujourd’hui et demain, oui, ces hommes et ces femmes ou leurs successeurs, comme des millions de Sénégalais doivent se lever, et debout faire barrage à la mise à mort de notre grand et beau pays pour des intérêts bassement matériels, personnels et claniques.
Mesdames, Messieurs les chefs des partis politiques de l’opposition, le seul fait de ne pas être associé à la gestion de l’État n’est pas à l’origine de notre cheminement ensemble. C’est une lutte pour la défense de la démocratie au Sénégal et un combat pour empêcher la spoliation des ressources nationales tant financières que naturelles qui nous ont conduits à apprendre à mieux nous connaître et à être ensemble. Merci encore d’être présents à cet important moment de la vie de notre parti.
Nous ne le répéterons jamais assez : le principal indicateur de l’existence d’une véritable démocratie se trouve dans la force de l’opposition qui y existe. Tout comme d’ailleurs la réalité d’une dictature naissante ou confirmée, s’apprécie en fonction de l’attitude qu’elle réserve à son opposition.
La force d’une opposition repose essentiellement sur son regroupement et son unité lorsqu’il faut défendre les fondamentaux démocratiques. Dans des républiques faibles ou affaiblies comme la nôtre, ce cheminement ensemble est alors le meilleur rempart pour s’opposer aux tentatives d’instauration d’un pouvoir absolu, de confiscation de la volonté populaire par l’organisation d’élections manipulées et truquées, et de vol du bien public.
Je me réjouis de constater qu’au Sénégal ce sont bien ces préoccupations qui nous réunissent si souvent depuis l’an 2016, première année noire de la vieille démocratie sénégalaise.
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs les représentants des partis et mouvements alliés de l’ACT et chers compagnons, je vous confonds dans les mêmes salutations. Nous partageons des valeurs, et nous avons la même conception de la politique. Nous voulons pour notre pays que désormais, à la faveur d’une prochaine alternance, une véritable rupture se crée pour offrir une solution à l’exigence de restauration morale dont notre peuple a soif. La politique au service de l’intérêt général et non plus au service d’une personne, d’une famille, d’un clan, d’un parti constitue le socle de notre engagement en politique. La Politique Autrement.
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
Soyez chacun et tous remerciés de votre présence, de votre écoute et de votre engagement.
Notre premier engagement était, est et restera celui de demeurer fidèle à notre parole donnée. Nous faisons et ferons preuve de constance dans son renouvellement.
Nous l’avions exprimé lors de notre décision d’entrer en politique en 2016 lorsque les premiers compagnons de l’ACT nous avaient fait l’honneur de nous confier la direction de notre parti. Nous ne prendrons que des engagements que nous nous soucierons de respecter et de faire respecter. Nous redonnerons à la parole politique le respect qu’elle doit susciter lorsqu’elle s’exprime sous la forme d’un programme de parti ou de coalition de partis ; lorsqu’elle est propos d’un leader politique dépositaire de la confiance des membres de son parti ou de la coalition qui le soutient.
Le « wax waxeet », presque devenu une norme de la pratique politique au Sénégal, doit disparaître de nos mœurs politiques.
Les Assises nationales ont été trahies par certains de ses signataires et l’esprit du 23 juin par plusieurs figures politiciennes participant aux manifestations.
Le programme Yoonou Yokete a été vite versé aux oubliettes, en même temps que les slogans forts qui nous ont fait rêver d’une rupture véritable en 2012 ; rappelons « la gestion sobre et vertueuse des affaires publiques » ou « la patrie avant le parti ».
Or l’Histoire nous enseigne que la paix sociale craint les espoirs déçus. C’est pourquoi nous avons pris l’engagement de ne créer l’espoir dont notre peuple a grand besoin que par un discours de vérité. Et la vérité en politique est d’abord dans le parler vrai consistant à ne dire que le possible ; elle est ensuite dans le respect des engagements pris. A l’opposé, le mensonge et la trahison commencent avec le reniement d’engagements rendus publics sur la base desquels le citoyen vous avait attribué le bénéfice de son vote.
L’heure est venue de créer la rupture avec l’habitude devenue insistante de la parole non respectée. 2019 devra être une année d’alternance par sa quête de porteurs de paroles de vérité, par la sanction de ceux qui se seront singularisés par reniements et mensonges. C’est à ce prix que la démocratie sénégalaise aura enfin réussi un saut qualitatif digne de son histoire. Un saut qui la libérera des rets dans lesquels la retiennent les politiciens professionnels de notre pays depuis de trop nombreuses années.
Car que l’on ne s’y trompe pas : un engagement de nature politique est pris pour gagner la confiance populaire ; une fois ce but atteint, son reniement a pour rationalité de prendre ce qui appartient au peuple au profit de l’auteur de l’engagement, de sa famille, de son clan. Il ne s’agit point d’un mensonge gratuit ; mais plutôt planifié et associé à de la spoliation. Il s’agit de parjure.
Nous avons cru à « la patrie avant le parti ». A l’inverse, la politique mise en œuvre a profité à la famille, puis au clan, confisquant ressources naturelles, deniers publics, fonctions de responsabilité, emplois dans le secteur public ; ne laissant que portions congrues et pauvreté au reste de la nation.
Souvenez-vous des propos qui furent miens le 14 mai 2016 au moment du lancement des activités de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail :
« L’A.C.T. invite avec empressement les Sénégalais à cultiver et vivre intensément quatre amours : l’amour de la patrie, l’amour des lois, l’amour du travail et l’amour de ses semblables.
L’amour de la patrie, qui nous fait placer ses intérêts au-dessus de tout autre intérêt.
L’amour des lois, qui nous les fait respecter, qu’elles nous soient favorables ou pas, pourvu qu’elles soient justes et égales pour tous.
L’amour du travail, qui nous mène tous à l’excellence et à la prospérité.
L’amour de ses semblables, qui nous fait détester ce qui les avilit et aimer tout ce qui les grandit. Les antivaleurs avilissent, les valeurs grandissent ».
J’insiste aujourd’hui sur celui de sa patrie (et de ses semblables, soit donc de son peuple).
Autant que vous le pouvez, décidez de la servir et de contribuer à sa défense contre l’ennemi de l’extérieur mais surtout de l’intérieur ; car ce dernier, œuvrant contre l’intérêt général, la met en danger de perte de cohésion et de ciment ;
Aimer sa patrie, souhaiter la servir, c’est s’efforcer d’y créer des emplois ;
Aimer sa patrie, c’est faire preuve de civisme et de citoyenneté, accepter de s’impliquer dans des actions citoyennes, d’aider autour de soi. Il n’y a pour se faire ni toujours besoin de compétences particulières, ni non plus de moyens financiers ;
Aimer sa patrie, c’est toujours privilégier l’investissement chez soi plutôt qu’en pays étranger ;
Aimer sa patrie, lorsqu’on est décideur, c’est privilégier l’économie nationale lors des attributions de marché. C’est oser « le Sénégalais d’abord »
Aimer sa patrie, c’est oser réviser notre conception du développement économique qui aujourd’hui privilégie l’appartenance des économies nationales à un monde de libre échange déséquilibré.
Aimer sa patrie, aimer son peuple, c’est d’abord être à son écoute pour entendre ses peines et réfléchir avec lui sur les possibles solutions, les urgences et les priorités.
Mes nombreuses tournées, les échanges au sein des multiples rencontres citoyennes organisées par le parti, permettent de retenir que notre peuple refuse désormais les injustices identifiées comme :
Le recours à l’arbitraire,
Une justice à deux vitesses,
Les passe-droits partout,
La corruption petite et grande généralisée,
Les avantages et privilèges décidés en fonction d’une appartenance à une famille, à un parti, à un clan.
Notre société rejette également l’enrichissement rapide, visible, ostentatoire et insultant né de l’activité politique. Elle est de plus en plus consciente qu’il provient d’une confiscation et du vol du bien commun.
Elle hurle son besoin de confort et de revenu familial minimum par le travail et l’emploi, d’eau potable, d’électricité à des prix abordables, d’éducation et de formation adaptées débouchant sur de l’emploi possible, de santé accessible, de sécurité, etc.
Aux Gouvernants de répondre à ces requêtes et de trouver solutions à ces besoins. Dans le rythme possible, mais sans relâche et avec obstination.
Le choix des premiers combats et celui de leur intensité dépendent de l’identification des priorités pour notre Nation.
Toute politique économique se construit à partir de priorités.
Nous proposons les suivantes comme celles du Sénégal :
L’éradication de la faim
La lutte contre l’extrême pauvreté.
Et la transition vers la manufacture.
C’est autour de ces priorités que l’accélération de la croissance économique du Sénégal sera organisée qui devra se traduire par une amélioration des revenus et des conditions de vie des citoyens sénégalais, et non par des taux de croissance et autres statistiques, trop souvent mensongers.
Ces priorités ne doivent pas être perçues comme des objectifs modestes car il n’y aura pas de limites à la recherche d’un mieux vivre des Sénégalais. Leur choix doit cependant traduire de manière très nette notre souci de ne plus tolérer la faim et l’extrême pauvreté dans un pays ayant bientôt 60 années d’indépendance. Autour d’elles se construira une économie de croissance et de résilience face aux chocs externes et notamment climatiques.
La persistance de la faim et de l’insécurité alimentaire dans notre pays, qui pourtant prétend à l’émergence, est inacceptable, intolérable. C’est le signe le plus révélateur de l’échec de son développement.
Les moyens de lutte resteront certes l’action humanitaire. Elle sera renforcée sans honte, sans déni mensonger non plus. En associant les femmes et les jeunes dans l’identification des bénéficiaires. En veillant à la plus grande transparence dans les opérations de distribution et de répartition des vivres et soutiens afin d’empêcher un détournement de l’aide au profit des autorités coutumières, administratives ou politiques, ou de la bourse familiale à des fins politiciennes.
A cette action humanitaire, nous associerons sans délai aucun, une action dans la durée de recherche de résilience ; cela débouche sur le haut degré de priorité à donner au développement de l’agriculture sénégalaise.
Les grands principes de notre démarche tourneront définitivement le dos à cette traditionnelle approche visant la recherche effrénée de productions à accroître (avec tous les risques de pertes de production, de leur valorisation insuffisante, de l’absence de leurs déplacements optimum vers les centres de consommation notamment urbains).
Ils seront les suivants:
Celui d’une approche filière « de la fourche à la fourchette » mettant en relation, d’une part les productions existantes, les productions à développer et les productions à créer, et d’autre part les marchés locaux, les marchés nationaux, les marchés sous régionaux et d’exportations lointaines.
Une approche intégrant la recherche de qualité des productions et les éléments de logistique et de marketing.
Une approche par la recherche du relèvement des rendements. La recherche de résilience dans un contexte d’extension de l’urbanisation qui réduit les superficies consacrées à l’agriculture et crée de l’exode rural, exige un accroissement des rendements et une intensification de l’agriculture. Les moyens en seront :
le recours à des intrants de qualité en impliquant les coopératives de producteurs et en leur laissant le choix de leurs fournisseurs (en abandonnant bien évidemment le système actuel par lequel l’État choisit lui-même les fournisseurs et les produits sur fond de clientélisme et de corruption) ;
le recours systématique à des semences certifiées et le contrôle de la qualité des engrais et de leurs conséquences sur l’environnement ;
le renforcement de l’encadrement des producteurs par le conseil, et par l’utilisation des medias et de l’e-conseil;
la promotion de relations réfléchies et d’intérêt mutuel entre les exploitations familiales et les grandes exploitations à chaque fois que cela s’avère possible ; en capitalisant sur les leçons positives retirées des exemples de la tomate et du coton au Sénégal, ou de best practices identifiées hors de nos frontières.
La maîtrise de l’eau pour ne plus dépendre de la seule pluviométrie, et faire durer l’essentiel de l’activité agricole au Sénégal au-delà de 2 à 3 mois par an.
La véritable résilience contre la faim ne saurait privilégier l’arrimage d’une agriculture au commerce mondial, encore moins en faire dépendre l’alimentation d’un peuple. C’est pourquoi au-delà d’une approche globale nous construirons autant d’autosuffisances que possibles dans le cadre de projets spécifiques. Ils concernent :
i)- la tomate (tomate fraîche, et concentré de tomate);
ii)- le maïs, et en premier lieu la part nécessaire à la production des aliments pour bétail, élément important de la compétitivité de notre élevage ;
iii)- les moutons de tabaski,
iv)- l’autosuffisance pourra aussi être établie pour le riz entier dont les excédents seront exportés afin de rechercher un équilibre de la balance commerciale pour cette céréale ;
Pour ce qui concerne la pêche :
i)- priorité sera donnée à la pêche artisanale, et sa gestion par octroi de licences de pêche et prise en compte des repos biologiques à observer afin de permettre le renouvellement des espèces;
ii)- la lutte contre le pillage de nos eaux par moyens satellitaires de surveillance et le renforcement de notre marine par l’acquisition de navires garde-côtes relèvent de questions de souveraineté et d’absolue priorité; iii)- les négociations d’accords de pêche au profit des pêcheurs sénégalais avec nos voisins immédiats (Mauritanie, Gambie, Guinée Bissau, Guinée Conakry) seront à chaque fois engagées dans le respect des intérêts réciproques en jeu. Un gros effort d’explication et de justification sera déployé en direction de nos ressortissants pour amener au respect des lois des pays voisins mais aussi celles du Sénégal;
iv)- La réduction drastique et la gestion très contrôlée des licences de pêche délivrées à des navires étrangers seront des axes majeurs de notre politique de pêche;
v)- l’accroissement de la part de plus-value locale par la transformation des produits frais sera recherché, et le débarquement obligatoire d’une partie des pêches effectuées par les navires étrangers y contribuera ;
vi) – une grande importance sera donnée au développement de la pisciculture comme réponse au plafonnement des prises de la pêche hauturière.
De même, Les réformes qui seront engagées pour assurer le développement de l’élevage correspondront à une véritable révolution. Elles viseront :
i) – la réduction progressive de la transhumance devenue incompatible avec la disparition de pâturages libres, et l’exigence d’une viande de qualité ;
ii)- la modernisation de l’élevage par la stabulation et la culture de plantes fourragères.
En ce qui concerne l’aviculture, la mise en œuvre d’un programme rigoureux de construction d’une compétitivité au profit du consommateur sénégalais permettra de la rendre plus concurrentielle face aux importations. L’objectif est donc double : i) d’une part protéger le consommateur sénégalais contre des prix excessifs par rapport aux normes mondiales et accroître la consommation de cette viande, ii) d’autre part résister par des prix concurrentiels aux importations de ce type de viande qui seront toutefois soumises à des contrôles qualité rigoureux.
Dès lors que nous avons retenu d’ériger la lutte contre la faim en priorité ayant rang de sécurité nationale, nous mettrons en place :
Des avantages fiscaux très particuliers pendant 5 années renouvelables (réservés aux produits du cru et issus de la transformation artisanale par des groupements de femmes) : l’absence d’imposition sur les bénéfices sera totale.
Une protection douanière, toutefois limitée dans la durée pour éviter la constitution de rentes locales auleursdu consommateur sénégalais.
Une aide à la commercialisation des productions prenant principalement la forme d’une assistance pour la mise en place de coopératives et l’accès aux marchés locaux, nationaux, sous régionaux et internationaux (constructions de halles-loumas ; facilitations de participations à des foires, etc.)
De cette phase de notre programme reposant sur la lutte contre la faim par le développement de l’agriculture, nous attendons :
L’augmentation des revenus dans les zones rurales qui sont celles de plus grande pauvreté,
La réduction du déficit de la balance commerciale et donc des paiements du Sénégal ; il en résultera une économie en devises,
La création d’emplois, notamment par une meilleure gestion de projets tels les Domaines agricoles communautaires et les Villages du millénaire,
La réduction de l’exode rural et de l’émigration,
Et même le retour vers la terre et le désencombrement de certains centres urbains.
Notre projet pour l’agriculture sénégalaise repose également sur des programmes et projets essentiels, identifiés comme prérequis ou corollaires à sa mise en œuvre. Parmi eux :
La réforme foncière et l’aménagement du territoire doivent conduire à la définition de terres agricoles inconstructibles (par exemple la sauvegarde de ce qui reste de la zone des Niayes, la préservation de terres dédiées à l’agriculture autour des villages avec définition des zones d’extension de l’habitat, etc.),
Un programme de reboisement par le nouveau service civique national en particulier avec arrêt de la coupe de bois excepté dans le cadre d’un reboisement organisé et contrôlé. L’arbre devra désormais être cultivé s’il doit être coupé ;
Le recensement exhaustif de certaines espèces d’arbres à travers tout le territoire dans le cadre de programmes conçus pour offrir de l’activité à la jeunesse, également dans le but de protéger certaines espèces « utiles » telles le Baobab.
Sénégalaises, Sénégalais,
L’organisation du développement agricole de notre pays engendrera le recul de la pauvreté dans les zones rurales.
Mais vous n’ignorez point que l’échec du développement économique du Sénégal ne réserve pas la pauvreté aux seules zones rurales. Elle est également très présente dans les zones urbaines et semi-urbaines où elle sera combattue par la création d’activités et d’emplois.
Elle le sera par notre conception de l’émergence que nous ne faisons pas reposer sur une logique de grands projets ayant le défaut d’être gourmands en ressources budgétaires et d’emprunt d’une part, et aussi celui de privilégier leur réalisation par des entreprises étrangères d’autre part.
Nous construirons l’émergence du Sénégal autour d’une transformation de la structure de son économie, en faisant évoluer son artisanat vers la semi-manufacture, puis la manufacture enfin l’industrie.
Les secteurs devant accueillir la croissance sont identifiés comme ceux déjà fortement utilisateurs de main d’œuvre, capables de productions de qualité, renfermant des processus de formation par l’apprentissage et susceptibles de renforcement.
L’émergence passe par une transformation structurelle d’une économie.
Elle est celle du constat de son évolution vers une économie de manufacture, de production de biens et services contenant davantage de valeur ajoutée pour couvrir des besoins nationaux et alimenter des exportations.
Le Sénégal n’est pas encore entré dans ce processus vertueux de son économie qui seul peut être à l’origine de son réel développement économique et social.
Force est de constater que l’outil industriel du Sénégal, qui fut leader au niveau de l’Afrique de l’Ouest au moment des indépendances, a reculé au fil des années, et a même parfois été détruit.
Quatre années de mise en œuvre du PSE (Plan Sénégal Émergent) n’ont rien changé à ce grave échec. L’économie sénégalaise reste dominée par les secteurs primaire et tertiaire. Sa croissance serait essentiellement le résultat de progrès enregistrés dans la production de cultures vivrières autoconsommées, mais aussi de l’exportation d’or et de produits halieutiques frais. La part de valeur ajoutée locale est toujours minime.
Le Sénégal dispose pourtant d’un artisanat ancien et de qualité en mesure d’évoluer vers la semi-manufacture puis la manufacture. Il s’agit en particulier des métiers de la métallurgie, d’orfèvrerie, du bois, de la cordonnerie, de la confection, de la mécanique, de la transformation des céréales locales. Le meilleur indicateur du dynamisme de l’artisanat sénégalais est sa capacité à exporter ses compétences hors du territoire national.
L’artisanat est en outre le principal pourvoyeur d’emplois au Sénégal.
Il ne parvient cependant pas à organiser sa mutation vers un niveau de production qui serait synonyme d’entrée dans la semi manufacture ou dans l’industrie. Cela est la conséquence d’un manque de vision des gouvernants, qui réduisent l’artisanat à une production de pièces d’art pour touristes, alors qu’il est la principale force de production de notre pays. L’artisanat n’est pas soutenu. Les gouvernants ont par contre fait le choix et l’erreur de s’enfermer dans une logique de grands projets satisfaisant leurs égos et propices à favoriser la corruption.
Pour organiser la mutation de l’artisanat du Sénégal distinguons des mesures à caractère général, de quelques mesures spécifiques à des secteurs sélectionnés.
Sans une source d’énergie compétitive à l’échelle mondiale, une industrie de base ne peut se développer. Sa productivité reposera donc sur une réduction très importante du coût de l’électricité, et en particulier celui de la moyenne tension. La référence visée pour le coût de l’électricité devrait être de moins de 10 c USD/kWh.
Dans l’attente de pouvoir le faire au bénéfice de tous les espaces géographiques, il conviendra d’en réserver le bénéfice sous forme de subvention à des espaces constitués « Villages des métiers ».
La productivité dépendant de la formation de la main d’œuvre, la formation professionnelle sera développée en soutien à l’apprentissage qui est pratiqué au Sénégal avec une certaine réussite. La formation continue sera également organisée afin de permettre une mise à niveau des artisans dans le cadre de l’évolution de leurs métiers à l’échelle internationale, en rapport avec celle de la demande mondiale puisque ce marché restera une cible recherchée.
La formation par apprentissage donnera lieu à des certifications afin de pouvoir permettre d’identifier de manière précise la traçabilité de l’apprentissage dont aura bénéficié l’apprenti à défaut de pouvoir disposer d’un diplôme.
Des zones de production artisanale, dénommées « Villages des métiers » et spécialisées dans des productions particulières, seront créées près de voies de dégagement, ou dans des espaces réservées aux PME, PMI. Elles seront principalement zones de production, mais également de vente dans des espaces dédiés.
Dans ces zones spécialisées, les artisans concernés pourront bénéficier au moins:
D’une électricité subventionnée,
D’une formation professionnelle complémentaire,
D’un équipement lourd partagé, loué au temps d’utilisation par les usagers et ayants droit,
D’un atelier partagé de stylisme et design,
D’une information sur les appels d’offres, notamment ceux de la commande publique,
D’un conseil marketing partagé,
D’un guichet bancaire pour crédits permettant des acquisitions d’outils et de petits matériels individuels ; également pour les cautions et financement permettant la participation à des appels d’offre, notamment ceux portant sur la demande publique ,
D’un effort important consacré à la mutualisation de la satisfaction des grosses commandes publiques ou privées basées sur la sélection des producteurs et la définition des commandes par un référentiel technique précis,
D’une centrale d’achat pour les matières premières et intrants, tenue par leur association constituée, ou la mise en place de systèmes de caution auprès des grossistes vendeurs des matières premières pour garantir l’existence d’économies à l’achat,
D’un centre d’exposition et de vente à la clientèle (n’excluant pas leurs ventes en des points extérieurs),
D’une mutuelle de santé constituée par les artisans installés et d’une protection sociale par la micro-assurance.
Dans toute la mesure du possible, et dans l’optique d’une recherche d’optimisation de productivité, des zones d’habitat seront réalisées non éloignées des villages de métiers. Cela concourt aussi à une meilleure productivité (exemples des usines en Chine avec dortoirs pour ouvriers).
Des cycles de formation professionnelle par métier seront mis en place avec acceptation d’apprentis dans ces cycles. Une place importante y sera donnée à la formation en langue nationale. Cette formation devra donner lieu à la délivrance de diplômes (CAP, etc.).
Dans les quartiers et villes où des artisans bénéficient d’autorisation d’installation et de vente de produits, l’incertitude liée à l’occupation de ces espaces sera levée. Il appartiendra aux communes concernées d’embellir les lieux d’installation grâce à un mobilier urbain approprié en rapport avec les règlements de taxes municipales perçues à cet effet.
Dans le cadre d’une coopération bilatérale, la délocalisation de semi-manufactures vers le Sénégal sera négociée.
La participation à des foires spécialisées à travers le monde sera organisée avec le concours de l’État afin de permettre aux artisans d’identifier les nouvelles machines et nouvelles technologies en rapport avec leurs métiers.
Le soutien de l’État aidera à la recherche et à l’identification de possibilités d’intégration dans des processus de chaînes de valeur mondiales (fabrique de lacets pour des chaussures, de pièces pour produits par grandes marques, etc.)
Les professionnels du secteur concerné organiseront avec l’aide de l’État des concours réguliers pour désigner les meilleurs artisans dudit secteur.
La protection de l’artisanat et des manufactures naissantes sera assurée par une politique douanière appropriée.
La création de « labels Sénégal » certifiés par des processus qualité sera organisée avec le concours de l’État.
La recherche systématique de la satisfaction de la commande publique par des productions nationales reposera sur l’organisation de leur éclatement et le règlement prioritaire dans les délais les plus courts possibles des très petites entreprises et PME nationales par la trésorerie nationale.
Abordons à présent quelques propositions spécifiques concernant l’orfèvrerie
L’État mettra tous les moyens nécessaires afin de faciliter la création par le secteur privé d’une industrie d’affinage de l’or pour accroître le niveau de valeur ajoutée locale associée à la filière or. Cela permettra d’assurer la disponibilité d’or traité pour l’orfèvrerie locale et pour l’ensemble de la sous-région. Les quantités d’or nécessaires à la viabilité de cette industrie d’affinage lui seront rendues disponibles par la loi, obligeant la livraison d’un pourcentage minimum des productions locales à cette industrie. Les prix de cession à l’industrie d’affinage et ceux de l’industrie d’affinage aux artisans de l’or seront ceux pratiqués à l’international pour ne léser aucun des opérateurs concernés.
Un des « Villages de l’or » créés en application de la démarche générale retenue pour la mutation de l’artisanat du Sénégal sera élevé au statut de véritable marché de l’or de l’Afrique de l’Ouest ; il sera rendu particulièrement attrayant et sécurisé pour les touristes et tout acheteur de bijoux traditionnels ou modernes.
Le meilleur matériel de production de bijoux par des artisans sera installé en partage pour les artisans membres inscrits.
D’autres propositions sont relatives à la menuiserie
En relation avec les associations d’artisans concernés, l’État veillera à faire distinguer l’ébénisterie utilisant du bois noble et plein d’une part, et la menuiserie simple utilisant les agglomérés de bois recouverts de feuilles de bois noble. En particulier les protections douanières des deux types de production seront différenciées.
L’État aidera à la mise en place d’industries permettant au moins trois productions essentielles en amont des « Villages de menuiserie ». L’une devra permettre aux artisans de disposer de bois sec. Une autre devra permettre de compacter les morceaux de bois pour la fabrication d’agglomérés de bois. La troisième permettra aux artisans de disposer de feuilles de bois nobles pour la réalisation de placages de qualité.
Les artisans spécialisés dans la production de matériaux en bois pour les constructions seront classés selon leurs capacités identifiées par leurs associations une fois leur compétence et la qualité de leurs productions reconnues. Selon ce classement, la commande publique pourra être éclatée entre plusieurs artisans producteurs dans le respect de principes garantissant une harmonisation du produit recherché, constatée par une réception technique associant délégués du maître d’ouvrage et représentants des associations.
La promotion de la cordonnerie et de la maroquinerie a également besoin de propositions spécifiques
L’État aidera à la mise en place de tanneries, et imposera le maintien pour l’artisanat local de l’essentiel des peaux traitées. Il conviendra de réfléchir à la taxation de l’exportation des peaux brutes sans faire subir de préjudice aux vendeurs par le respect des prix à l’international.
L’artisanat de coloration des peaux sera de préférence laissé aux groupements de femmes.
Un rapprochement sera organisé entre les associations de cordonniers et l’industrie plastique sénégalaise afin de déterminer les possibilités pour cette dernière de subvenir aux besoins en produits pvc de l’artisanat de la chaussure du Sénégal. La logique est celle de la constitution de banques de sous-traitance locales, à étendre du reste à d’autres secteurs.
L’État aidera à la participation d’artisans cordonniers sélectionnés (parce que lauréats de concours organisés) à des foires internationales de chaussures avec présentation d’articles en rapport avec les besoins de la demande internationale de saison. Les commandes obtenues seront ensuite réparties entre les producteurs sélectionnés parce que qualifiés.
La confection apparaît comme l’un des secteurs les plus pourvoyeurs d’emplois au Sénégal. Ce secteur mérite donc des propositions spécifiques
Les possibilités de transformation locale du coton sénégalais ou de celui produit dans la sous-région feront l’objet d’une étude approfondie afin d’accroître la part de valeur ajoutée nationale dans la filière coton. L’écueil que constitue le coût de l’électricité étant particulièrement important, une solution spécifique sera apportée à ce défi.
Favoriser la manufacture de confection, c’est mettre fin à une taxation trop lourde du tissu qui en est la matière première et qui n’a pas réussi à protéger une industrie textile sénégalaise.
A la suite d’une sélection rigoureuse, toute commande publique de tenues de travail civiles et militaires devra obligatoirement être réalisée par des artisans locaux. De même l’État apportera tout son soutien pour que des artisans sénégalais puissent gagner des marchés internationaux, notamment lancés par des entreprises américaines dans l’objectif de pouvoir bénéficier des dispositions prévues par l’AGOA.
Afin de pouvoir faire face à des commandes volumineuses, les industries locales existantes ou spécialisées à créer seront utilisées pour le travail de coupe. Les commandes seront ensuite réparties entre les artisans pour le montage. La réception sera faite dans le respect de normes de qualité imposées et communiquées à l’avance.
L’État aidera à la constitution d’un label « made in Sénégal » visant à faire du Sénégal le principal lieu de confection du vêtement traditionnel africain avec pour marchés les pays voisins du Sénégal, mais aussi le Nigeria et la clientèle constituée par la diaspora noire. Pour ce faire, Dakar sera érigé en grand lieu de la mode africaine par l’organisation de défilés de très haute facture avec le soutien de l’État, orientés vers la conquête de marchés de grosse production.
L’État s’engagera résolument dans la sauvegarde du savoir-faire ancestral du tissage de pagnes : identification et recrutement de formateurs, aide à la fabrication de métiers éventuellement légèrement modernisés pour permettre la production de bandes plus larges. Il appartiendra aux stylistes de les réutiliser pour les besoins de mode, en particulier des saisons fraîches.
Évoquons quelques propositions concernant les métiers du fer
Des dispositions particulières seront prises pour débarrasser le Sénégal des déchets de ferraille omniprésents dans nos villes et villages, avec mise des coûts des enlèvements à la charge des industriels traitant la ferraille récupérée ou ses revendeurs.
L’écueil que constitue le coût de l’électricité étant particulièrement important, une solution spécifique sera apportée à ce défi afin de permettre la compétitivité des fours nationaux de traitement de ferraille. L’exportation de ferraille ne sera autorisée qu’après satisfaction des besoins des manufactures locales. Les exportateurs ne seront pas lésés car les prix d’achat par les fonderies locales seront déterminés en fonction de leurs niveaux à l’international.
Les marchés spécifiques du mobilier urbain seront valorisés et organisés afin de pouvoir être satisfaits par les artisans du fer (kiosques, abris divers, lampadaires de rue, glissières des routes, etc.)
Un programme spécifique de fabrication locale du petit outillage des mécaniciens et des ouvriers sera développé pour créer une autosuffisance en la matière en moins de 2 années.
En rapport avec l’exemple des réalisations chinoises, un programme de production locale de petites machines d’exploitation agricole sera mis en place, associant métiers du fer et artisans de la mécanique.
Les propositions spécifiques à la transformation des céréales locales et des produits du cru visent à sécuriser et à développer une activité très prisée par les femmes sénégalaises
L’intégration des activités de production agricole et de transformation des productions sera encouragée et favorisée comme moyen d’accroître la productivité des groupements de femmes intervenant dans le secteur, notamment en milieu rural.
Ces groupements organisés recevront un traitement particulier dans tout processus de distribution d’intrants associé à la préparation des campagnes agricoles.
Des micro-financements sans orientation politicienne seront mis en place pour permettre l’équipement des groupements de femmes productrices et transformatrices en matériel agricole adapté, en charrette et animaux de trait (ânes).
L’investissement partagé en matériel de transformation (moteurs et machines à moudre, etc.) sera érigé en règle.
Un fort accent sera mis sur la formation de formatrices et formateurs aux techniques agricoles et de transformation (production, normes sanitaires, emballages, notions de marketing, etc.).
Les obstacles majeurs au développement des ventes par les groupements de femmes sont ceux du stockage, de la distribution et de la vente. Sous forme de kiosques (avec disponibilité de froid – produit de préférence par énergie solaire – pour la conservation du tchakri ou des poulets notamment) ou autrement, des points de vente seront établis dans les grandes communes et villes accueillant les productions de tous les groupements établis dans une proximité géographique et répondant à des normes de qualité établies.
Des guichets devront être rendus disponibles au niveau des locaux des chambres de commerce régionales.
Un système de micro-crédits permettra d’élargir la gamme de produits vendus par les groupements de femmes auxquels s’ajouteront ceux de première nécessité tels l’huile alimentaire, le sucre, le riz et le lait en poudre.
Les productions d’huiles corporelles dans leur premier traitement seront exclusivement réservées aux groupements de femmes.
La mise en place de caisses d’autofinancement sera encouragée et un soutien complémentaire apporté par l’État lié au constat de leur fonctionnement régulier.
(Le recul de la pauvreté doit être la conséquence d’un accroissement des revenus des plus pauvres en activité ou d’une création d’emplois.)
Sénégalaises, Sénégalais
Vous n’êtes pas sans ignorer que les partenaires bilatéraux et multilatéraux ont une préférence notoire pour les grands projets et les productions nationales alimentant les marchés mondiaux.
La démarche « Le Sénégalais d’abord » qui est la nôtre s’exprime en légère contradiction avec cette priorité donnée à l’intégration au marché mondial. Notre démarche privilégiera la substitution aux importations par rapport au développement des exportations, car conséquence du développement de l’agriculture vivrière, de l’agro-industrie, de l’artisanat évoluant vers la semi manufacture puis la manufacture, etc.
Par la modernisation de l’agriculture, par la transformation de l’artisanat en semi-manufacture, la création d’emplois sera aussi la conséquence d’une stratégie de développement construite à la base et non plus recherchée par le seul investissement public au travers de « grands projets ». L’installation du secteur privé national au centre de notre stratégie de développement devra permettre aux PME/PMI/TPE, dans ce cadre décrit, de pouvoir s’affirmer et jouer son rôle de créateur de richesses et de fournisseur d’emplois.
La création d’emplois résultera aussi de programmes spécifiques consistant en de « grands travaux » à haute intensité de main d’œuvre en substitution à cette même logique de « grands projets ».
Parmi ces « grands travaux » figurent :
La Construction d’une nouvelle capitale administrative du Sénégal.
L’ouverture de ce grand chantier permettra une forte utilisation de métiers du bâtiment dans lesquels le Sénégal regorge d’une main d’œuvre qualifiée. Le chantier sera par contre saisi comme une opportunité de renforcement des capacités de cette main d’œuvre par tests suivis de formation avant recrutement par les entreprises qui seront concernées par la réalisation des édifices publics.
Le choix du site d’accueil de la nouvelle capitale est pour l’instant conservé secret. Mais il devra respecter au moins 3 critères forts :
Un éloignement conséquent de Dakar et de la presqu’île du Cap Vert afin de pouvoir correspondre à une véritable démarche de désengorgement de Dakar et de valorisation d’une partie du territoire sénégalais délaissée;
Une activité économique existante – ou potentielle à développer – pour ajouter une rationalité économique à celle purement administrative et résidentielle;
Un accès possible à partir de la région de Dakar par des moyens de transport rapides et de masse ;
La réhabilitation du chemin de fer est un autre parmi les grands travaux qui seront engagés. Il aura pour objectifs la création d’emplois par l’ouverture d’un grand chantier, le regain d’activités dans les villes de gares, la réduction du coût du fret, une moindre fréquentation et donc la préservation des routes en particulier par les gros porteurs, le renforcement de la relation économique avec l’hinterland que constitue le Mali, mais aussi une recherche de liaison avec le sud-est du Sénégal et l’ensemble de cette zone minière au-delà des frontières sénégalaises.
La remise en vigueur du projet des vallées fossiles associé à une réalisation de nombreux forages: permettra la lutte contre la désertification du Ferlo par l’amener d’eau dans cette zone à vocation sylvo-pastorale, le développement de zones de pâturages, et le développement de l’agriculture. Les études préciseront les sources de l’eau qui mettra fin à l’avancée du désert et autorisera le développement de la stabulation. Elle pourra provenir du sous sol, du fleuve Sénégal ou de la mer en fonction du coût de son dessalement par l’énergie solaire.
Le développement de l’économie verte est un autre des gros chantiers à ouvrir pour l’amélioration de notre cadre de vie et la création d’emplois. Il reposera sur le traitement des ordures et la production d’électricité et de composts, l’économie de récupération et le reboisement.
La lutte contre les inondations et les grands travaux d’assainissement : justifiera le lancement de travaux de réhabilitations urbaines dans les principales villes du Sénégal qui se sont développées sans véritable plan d’urbanisme ou sans que ces derniers, bien qu‘existants, n’aient été respectés.
Enfin la résorption des abris provisoires au sein des écoles publiques sera l’occasion d’ouvrir un grand chantier accessible à de petites entreprises nationales de BTP.
Le recul de la pauvreté devra être le constat d’un confort minimum du citoyen, également force active du développement.
La recherche de ce confort minimum, au-delà de constituer une réponse à un droit au développement, est en outre indissociable de l’amélioration de la productivité des travailleurs sollicités pour créer de la croissance économique. Plusieurs axes conduisent à l’indispensable amélioration de cette productivité.
En ce qui concerne l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement : exception faite de certaines situations d’urgence, les programmes de répartition des travaux à travers le territoire seront définis en fonction de la taille des villes et villages (nombre d’habitants), et rendus publics ainsi que leur justification ;
Le meilleur accès à l’électricité sera la conséquence de l’abaissement de son coût et une amélioration de sa distribution que permettront d’obtenir un meilleur mix énergétique et une efficience améliorée par de nouveaux arbitrages institutionnels.
Un recours plus important au solaire au vu de la dispersion de l’habitat rural reste la solution à l’indispensable démocratisation de l’électricité avec en amont la stimulation de la recherche et développement et la mise en œuvre de mesures incitatives permettant l’émergence d’une semi manufacture de panneaux solaires et de produits liés à l’usage de cette source d’énergie
La politique d’un meilleur accès à la santé :
Malgré les efforts considérables faits durant les 20 dernières années, le Sénégal peine à atteindre les objectifs et indicateurs fixés en vue d’aligner ses établissements de santé publique sur les standards communément admis en la matière ; et le citoyen souffre d’un accès particulièrement difficile et coûteux à la santé.
Nos solutions pour un système de santé performant et inclusif reposent sur:
Une remise à plat de la réforme hospitalière en organisant une consultation inclusive ;
La mise en place d’un système de gestion de la performance et de la qualité des services par le développement d’un mécanisme d’audit et de contrôle ;
La révision de la carte sanitaire au travers d’un recensement général en vue d’avoir un état des lieux précis sur l’ensemble des établissements en relation directe avec les conclusions issues des concertations inclusives.
Elle aboutirait à la répartition cohérente des structures de santé, à la gestion rationnelle des moyens déjà investis, à l’accès plus facile pour la population à des soins de qualité.
Par ailleurs le partenariat public privé (PPP) permettra une meilleure couverture de la carte sanitaire par un recours aux établissements privés. En contrepartie de facilités reçues de l’État, les établissements privés offriront des consultations gratuites aux citoyens selon les modalités encadrées par le PPP.
La mise en place d’un service national des urgences de qualité, responsable de l’organisation des urgences depuis le ramassage jusqu’à la prise en charge définitive.
Le rôle de la tutelle dans la gestion d’une partie du personnel (recrutement et affectation) sera réduit. Afin de mettre fin aux recrutements à caractère politique mettant en danger la vie des citoyens, le processus de sélection relèvera de l’effectif des médecins soignants et infirmiers-majors.
L’attribution de primes supplémentaires aux personnels acceptant de servir dans les zones éloignées permettra de mieux répartir l’accès aux soins.
La mise en place d’un plan soutenu de recrutement des médecins de sorte à résorber le déficit sur un horizon temporel de 03 ans, aidera également à atteindre cet objectif de décentralisation des soins de santé.
La prise en charge des démunis impose de procéder à une évaluation approfondie de la couverture maladie universelle en associant tous les acteurs impliqués. Le recours à la carte à puce pour les indigents permettant leur suivi, le taux de prise en charge et la lutte contre la fraude.
Il ne saurait y avoir recul durable de la pauvreté sans formation de qualité. Et la qualité de cette formation doit provenir de son adaptation aux besoins de notre économie.
La quête inlassable de la paix sociale au sein de notre système d’enseignement public ne doit toutefois pas occulter la nécessité de procéder à un examen critique du contenu des enseignements qu’il délivre.
La paix sociale s’y construira par un dialogue franc et patriotique entre les parties concernées. Il sera d’ailleurs plus facile de la retrouver par la démonstration d’une gestion sobre et vertueuse des ressources globales du budget national, et la fin d’une gestion irréfléchie des révisions de grilles salariales au sein de la fonction publique selon les corps concernés.
Les nombreuses régularisations nécessaires et attendues de la situation des enseignants devront être programmées et exécutées.
En termes de contenu des enseignements de notre système global de formation, une toute nouvelle importance sera donnée à la formation aux métiers. Le système d’enseignement du Sénégal doit cesser de produire des chômeurs après une formation coûteuse, mais plutôt des jeunes femmes et hommes capables d’exercer un métier en individuel ou en entreprise, fut-elle petite ou moyenne.
Pour y parvenir nous retenons essentiel de :
Réaffirmer la mission de formation universelle et d’ouverture de l’école sénégalaise au monde, basée sur les fondements culturels de notre pays, et visant l’insertion sociale et économique.
Associer à la langue française en milieu préscolaire, les langues maternelles et l’acquisition du langage écrit et parlé.
Revenir aux fondamentaux de la formation des enseignants en milieu préscolaire, scolaire et secondaire par la capacitation en module psychopédagogique et l’exigence d’une formation de base certifiée.
Intensifier la construction des écoles, collèges et lycées et supprimer sur l’espace national tous les abris provisoires.
Veiller à la jonction des systèmes éducatifs des corporations et des établissements scolaires laïcs et publics.
Maintenir la qualité de l’enseignement par la réhabilitation du suivi et de l’inspectorat des corps d’enseignants et des formateurs.
Il convient pour notre pays de rechercher et stabiliser les meilleurs outils de sélection des élèves et leur orientation en fonction de leurs aptitudes et résultats scolaires du collège.
Ainsi nous réaffirmerons que seule l’obtention du certificat d’étude primaire avec la capacité de savoir lire et écrire donne la possibilité d’accès au collège (Premier seuil de passage).
Et mettrons en place de nombreux « collèges de métiers » pour la formation à la plomberie, mécanique, BTP, agriculture, l’art et les technologies, en veillant à l’adéquation entre la formation théorique d’une part et le stage pratique et technique en entreprise d’autre part, sans exclure celui dans les petits ateliers d’artisans. L’accès à ces collèges de métiers sera rendu possible par voie de concours spéciaux aux apprentis en séjour dans les petits ateliers du secteur informel.
Notre projet consiste, en concertation avec les acteurs, à soumettre la formation post-baccalauréat à :
un numerus clausus objectif et transparent pour les affectations et orientations des apprenants admis au baccalauréat.
la mise en place de centres d’orientations pédagogiques, ouverts aux apprenants et parents d’élèves, à l’État, aux enseignants, en sus de leur existence au sein des conseils des établissements scolaires.
l’orientation des apprenants les plus aptes vers les écoles d’élite par voie de concours. Elles accueilleront nos futurs cadres de l’administration et chefs d’entreprises nationales.
Au même titre que les collèges de métiers, nous retenons :
de favoriser la formation professionnelle universitaire BAC+2, et soutenir l’auto-emploi après formation par des mesures d’incitation fiscale ;
d’identifier des passerelles entre les formations académiques et celles professionnelles, et de les ouvrir largement aux formateurs et aux professionnels de l’entreprise.
Par cette démarche stratégique dont des détails précis ont souvent été donnés, l’ACT fera sortir chaque année un nombre important de citoyens sénégalais de la pauvreté. Elle sera également à l’origine d’une véritable émergence économique par une croissance partagée parce que accueillie par les secteurs gros utilisateurs de main d’œuvre.
Il est toutefois important d’identifier les acteurs qui devront porter ces choix de valeurs à restaurer et de nouvelles orientations économiques à impulser.
En effet, le projet de l’ACT repose sur au moins trois révolutions :
Celle des valeurs à restaurer : sens de la patrie, citoyenneté, éthique, travail
Celle agricole
Celle manufacturière
Il a donc besoin d’une dynamique nouvelle et de force, d’une vision rénovée de la construction de notre nation, d’une remise en cause de nos mentalités.
Il prend ses racines dans une nouvelle vision de la politique devenue ou redevenue sacerdoce au service des populations et cessant d’être un moyen d’ascension sociale et d’enrichissement à leurs dépens.
Le projet de l’ACT reposera par conséquent sur deux (2) piliers qui le porteront : les jeunes et les femmes.
Parlons d’abord de la Jeunesse.
La jeunesse sénégalaise a besoin de retrouver l’espoir en un avenir de travail et d’utilité à son pays. Elle est aujourd’hui désemparée et désespérée.
Comme nous l’avons déjà souligné, la solution durable au chômage viendra de la croissance économique véritable et de la formation vers les métiers. Dans l’urgence, nous retenons de créer des emplois immédiats par la stratégie des « grands travaux ». Leur réalisation privilégiera le recrutement de jeunes ayant l’esprit de pionniers. Mais nous créerons également de l’occupation immédiate par l’organisation d’un service citoyen et national.
Nous donnons à ce service citoyen et national la mission de construire un nouvel idéal à la jeunesse sénégalaise par la citoyenneté. La notion de développement est en effet devenue trop abstraite pour mobiliser notre jeunesse africaine. Elle réagira par contre positivement à l’appel consistant à recevoir sa contribution pour sauver son peuple de la misère par des actions citoyennes. Cette contribution sera organisée comme assistance reposant sur du don de soi apportée à d’autres citoyens en besoin. Nous pourrions citer l’amélioration de petites techniques agricoles, de l’hygiène, les cours de vacances, la formation légère dans divers domaines avec acquisition facile de connaissances, la contribution à la construction d’édifices simples, etc.
Les jeunes diplômés seront encouragés à devenir des créateurs d’emplois pour d’autres moins bien formés qu’eux. L’ensemble du système de préparation à la création d’entreprise sera revisité, et le dispositif global d’aide aux petites PME réformé dans le sens de ne plus servir les seuls membres d’un parti politique mais des projets sélectionnés sur des critères objectifs et présentés dans le respect de critères bancables. L’accompagnement en gestion, l’accès aux différents types de financement seront remis à plat après prise en compte des leçons retenues des diverses expériences vécues par le Sénégal. Hormis la supercherie récente de la Délégation à l’entreprenariat rapide (DER), il est parfois arrivé que le Sénégal invente de bons procédés de financement et d’encadrement. Ils ont malheureusement toujours souffert de leur politisation et de leur mauvaise gestion.
Des incubateurs de starts-up seront créés, suivant la même logique que les « villages de métiers ». L’objectif étant de rapidement en avoir un au moins dans chaque région.
Les PME créées comme start-up bénéficieront d’un dispositif fiscal incitatif pendant au moins trois années qui devront être mises à profit pour la consolidation des bases de l’entreprise. Il est en effet regrettable que la fiscalité sénégalaise ne systématise pas la facilitation de l’entrée dans le secteur formel par une fiscalité dérogatoire pendant quelques années. le seul « minimum fiscal » tue plusieurs entreprises chaque année.
Sur un plan tout autre, nous comptons sur les jeunes et les artistes pour donner à la culture sénégalaise le sang neuf dont elle a besoin.
Nul n’ignore le rôle et la part essentielle de la culture dans notre style de vie et nos modes de pensée et d’action. Dans ses expressions diverses et variées, elle permet de renforcer notre cohésion et notre unité tout comme elle incarne la marque distinctive et singulière de notre communauté. C’est pourquoi, il convient plus que ne jamais, de lui donner sa place, toute sa place dans nos politiques publiques. En ces temps de boom du secteur des services et du numérique et de création de richesses y afférant, les industries culturelles et créatives, plus que jamais, devront y prendre leur part et y trouver leur compte en renforçant notre croissance.
Les structures de détection, de formation, de création, de productions culturelles seront mieux organisées, et bénéficieront encore plus du soutien approprié de l’État. Les collectivités seront encouragées à organiser avec l’aide de l’État des concours, des compétitions, des vernissages et autres manifestations de promotion des arts et de la culture.
La politique sportive, renforcera le développement du sport de masse et celui de l’Elite. Elle reposera toutefois sur une meilleure répartition des moyens de l’État entre les disciplines les plus prometteuses susceptibles de conduire à faire flotter victorieusement le drapeau du Sénégal dans les stades du continent et du monde. Cette meilleure répartition des moyens ciblera de façon prioritaire la construction des infrastructures sportives de manière plus rationnelle et équilibrée au profit de plus de disciplines sportives et de plus de régions et non dans le sens de deux infrastructures de prestige très onéreuses (l’arène de lutte et Dakar Aréna) dont le cout global aurait pu largement régler pour longtemps encore, la question des infrastructures sportives au Sénégal.
Le sport sénégalais sera reconstruit à partir de la base en accordant un haut rang à la détection des futurs talents, au sein des écoles ou autres structures. Dans chaque région, il sera mis en place un collège sport-études, doté de tous les aménagements nécessaires, afin de créer des vocations et de les faire éclore avec des générations de sportifs de haut niveau capables de porter brillamment nos couleurs. De même, un appui conséquent financier et matériel sera apporté aux disciplines sportives en phase de professionnalisation pour aider leur montée en puissance.
Second pilier du projet de l’ACT, la femme sénégalaise est déjà devenue un acteur économique majeur dans notre pays, en particulier dans les zones et secteurs de grande pauvreté.
A ce titre elle doit être considérée comme un relais essentiel de la stratégie de politique économique visant de manière prioritaire la lutte contre la faim et le recul de la pauvreté.
Au nombre des leçons tirées de mes tournées, échanges et contacts, dans les grandes villes comme dans les hameaux les plus reculés du Sénégal, je retiens que les femmes se soucient davantage de la situation de la famille par rapport à la faim.
Comptons sur elles :
Pour être des productrices : en leur facilitant l’accès à la terre ; l’équipement en petit matériel et en en faisant des bénéficiaires privilégiées d’intrants
Pour être des transformatrices : l’État doit protéger la première transformation par elles et parfois créer une exclusivité en faveur des femmes (exemple des huiles corporelles)
Pour être des emprunteuses : nous faciliterons l’accès au crédit par la micro-finance en complément à l’autofinancement organisé et constaté sur la base de critères objectifs et non politiques pour mettre fin à l’injustice, et favoriser le remboursement des emprunts pour assurer le renouvellement des opérations de prêt
Elles seront aidées à commercialiser leurs produits du cru et productions transformées ce que nous avons déjà eu à souligner
Sénégalaises, Sénégalais,
Comme vous l’aurez constaté nous faisons le choix d’une croissance économique ramenée à la base. L’amélioration du mieux-être du citoyen sénégalais et sa protection contre la misère et le dénuement, contre l’obscurantisme, où qu’il se trouve, sont notre préoccupation principale.
Aussi, la décentralisation est au cœur des enjeux du développement et d’une croissance bien répartis dont profiteront les Sénégalais, ceux de la capitale comme ceux de l’intérieur et des zones les plus reculées. Bien appliquée, elle sera une source de bien-être pour les populations tout en participant au développement des collectivités locales.
Une nouvelle approche de la décentralisation, beaucoup plus approfondie, est l’option irréversible que consacre le programme de l‘ACT. Elle ne doit pas simplement être bâtie autour de la création de postes de responsabilité politiques, de transfert de compétences factices puisque sans transfert de moyens subséquents.
Certes ! Le Sénégal a une vieille tradition de la décentralisation qui remonte au 19ème siècle avec les quatre (4) Communes de plein exercice. Les réformes se sont ensuite suivies ; mais les collectivités restent pour la plupart et avec l’essentiel des organes, impuissants et inefficaces à contribuer au développement :
L’état jacobin est toujours là, non sérieusement réformé, avec sa bureaucratie, la centralisation des décisions et contrôles internes à Dakar et dans les ministères, avec la concentration des décideurs, des budgets et des investissements ;
Malgré tant d’années d’indépendance et tant de réformes dans cette perspective de décentralisation, la survie d’un clivage entre un Sénégal prospère versus un Sénégal pauvre est visible et réelle ;
Au niveau mondial, à l’heure de la flexibilité, de l’agilité, de la course entre les lents et les rapides, la survie tenace du paradigme qu’un développement impulsé par le haut serait la norme continue de s’affirmer au Sénégal malgré un « troisième acte », sans pour autant donner l’assurance d’une impulsion accélérée, d’une émergence…
Retenons donc que la réussite de la décentralisation suppose aussi d’audacieuses réformes économiques, car le développement repose sur la création de richesses. En effet, au sens où l’ACT l’a redéfinie, c’est aussi toute une stratégie économique. A titre d’exemple :
L’ouverture du chantier des grands travaux ferroviaires visera de connecter à terme toutes les capitales régionales par le rail ;
L’exploitation de la synergie entre le potentiel de l’artisanat, de l’industrie et de l’agro-industrie sera organisée au niveau local;
Les ressources publiques seront réparties de sorte que les populations à la base en profitent ;
les décisions de planification d’accès aux services primaires ou essentiels (santé, eau, électricité, éducation) seront prises au niveau régional ou départemental.
Nous concevons la décentralisation comme le levier d’une nouvelle restructuration en pôles régionaux naturels à vocation socio-économique et culturelle pertinents, un levier de réduction des inégalités entre la capitale et la périphérie, un moyen pour les populations d’affirmer leurs talents et créativité. Au total un transfert de compétences plus approfondi est requis et demeure notre choix. Sa réussite durable commande une véritable fiscalité locale capable de pourvoir aux besoins de financements de projets locaux, une plus grande sincérité dans les arbitrages, sans état d’âme, et au profit des populations locales, des dotations significatives pour réaliser les investissements nécessaires à l’amélioration du mieux-être des populations.
Mais il est tout aussi essentiel d’avoir à la tête des collectivités et départements des élus soucieux de faire prospérer leurs terroirs plutôt que prisonniers de la politique politicienne. Nous proposerons donc aux Sénégalais, l’élection des députés au scrutin départemental majoritaire à deux tours ; celle des présidents de conseils départementaux et des maires selon le même type de scrutin; tandis que les conseillers seront élus sur liste départementale ou communale.
La gestion du développement local requiert de nouveaux paradigmes, de nouvelles compétences de management. La mise en place d’un Conseil Économique Social et Environnemental par pôle économique permettra de mobiliser les compétences citoye