Le Parti démocratique sénégalais (Pds) vit des moments difficiles. Les départs de ténors y font lésion. Et il s’agit en général de personnes jugées naguère très fidèles à Wade.
Les derniers en date sont Moussa Sy, le Maire des Parcelles assainies, et Aida Ndiongue, qui vont rejoindre le peloton de ceux qui se sont départis de la tutelle d’Abdoulaye Wade.
La liste est longue. Mais ce qui est constant, c’est que la plupart de ceux qui sont partis flirtent d’une manière ou d’une autre avec le Président Sall.
Une vraie hémorragie car certaines sources nous président d’autres départs d’ici décembre.
La réalité est que beaucoup de personnes ont été démarchées avec d’alléchantes propositions. Certains ont cédé, d’autres ont refusé ou hésitent encore.
Dans ce tohu-bohu, le Secrétaire général fait parler de lui parce qu’il n’hésite pas à s’attaquer à quiconque n’avalise pas la candidature de son fils. Me Madické Niang en a fait les frais tout récemment, même si, à ce propos, rien n’est encore définitif. Comme pour le premier clash entre les deux amis. Ce qui les lie, Touba, est très fort. Leur rupture est loin d’être définitive.
Qu’à cela ne tienne, le parti vacille. Il tangue, prend de l’eau, perd du terrain. Le Pds actuel offre le spectacle d’un mouvement affaibli, vieillissant et traqué.
Pis, il promet d’entrer dans la rébellion, c’est-à-dire dans l’illégalité si jamais la candidature de Karim Wade n’était pas avalisée par le régime en place.
Le parti de Wade, opposant pendant plus de vingt ans avant de prendre le pouvoir, est un habitué des démarches politiques excentriques. Mais de là à empêcher la tenue d’élection, il y a de quoi se poser des questions sur la cohérence de la démarche.
Ibrahima Sène du Comité Central du Pit, un membre influent de Benoo Bokk Yakaar, vient d’annoncer, dans la presse, que le parti pourrait être dissous si jamais il entamait des actions illégales pour empêcher la tenue de la présidentielle. Et que de toutes les façons, les forces de défense et de sécurité ne laisseront pas faire.
Sa dissolution pourrait être spectaculaire et obliger les libéraux à entrer dans une forme de clandestinité et pousserait le régime à en arrêter des dizaines.
C’est ce scénario-catastrophe qui guette le parti. Hormis son affaiblissement par les nombreux départs enregistrés, le parti d’Abdoulaye Wade pourrait pousser Macky à opter pour la manière forte afin de neutraliser les velléités de résistance d’un camp désireux de voir son candidat accepté.
Ceux qui connaissent Wade savent qu’il va tenter le tout pour le tout si jamais son fils n’était pas accepté. Il semble s’inscrire dans cette dynamique et l’a clairement dit. Et comme l’Etat a la force légitime de coercition, il s’en suivra un scénario nouveau dans la vie de ce parti qui pourrait ainsi devoir mettre fin à ses activités légales.
Bien sûr, cela pourrait obliger une bonne partie de l’opinion à se liguer contre Macky par solidarité.
Malheureusement, ce scénario pourrait être l’option ultime du Pape du Sopi.
Ce qui est cependant paradoxal dans tout cela, c’est que naguère, dans l’opposition, il avait toujours dit qu’il ne marcherait pas sur des cadavres pour arriver au Palais.
Aujourd’hui, comment peut-il envisager l’option de verser du sang pour que son fils arrive au Palais ? C’est la question grave qui se pose à ses proches et à lui.
Et nous pensons qu’il appartient à Karim Wade lui-même d’aider son père. Il ne peut pas se laisser ‘’remorquer’’ de la sorte et obliger son pater à verser dans une lutte politique qui pourrait être violente.
A ce propos, il est heureux de constater que l’option offerte par Madické Niang entre dans le cadre d’un sauvetage du parti, mais aussi de la paix sociale et de la stabilité du pays.
Wade peut choisir Madické ou un autre. L’essentiel est de savoir que quelle que soit la personne qui sera choisie, il faudra compter avec le Pape du Sopi lui-même qui va mener les opérations à ses côtés.
Donc, où se trouve le problème ?