Un rapport de Human Rights Watch dénonçant les abus sexuels des enseignants sur les élèves dans les établissements secondaires au Sénégal, a été publié le 18 Octobre dernier, faisant ainsi réagir le ministère de tutelle.
Un rapport d’une étude de Human Rights Watch sur « l’exploitation sexuelle, le harcèlement et les abus dans les écoles secondaires du Sénégal » a été publié le 18 Octobre dernier. Selon les résultats de cette enquête, les abus sexuels dans les établissements scolaires à l’endroit des jeunes filles âgées pour la plupart de moins de 18 as sont banalisés et souvent taxés de « relation » ce qui vise à minimiser les faits. Cette enquête a été menée sur quatre régions du pays à savoir : Dakar (ouest, la capitale), Ziguinchor, Sédhiou et Kolda (sud). 160 jeunes filles ont été interviewés et plus de 60 enseignants, Directeurs d’école, parents d’élèves et associations. Il ressortira donc de cette enquête que, les enseignants usent de leur autorité pour séduire les élèves. Celles-ci se donnent en échange d’argent, de vêtements neufs, de téléphones portables, de bonnes notes, de nourriture et parfois parce qu’elles sont intimidées. « Avec des filles qui sont vulnérables, des filles qui ne peuvent pas payer leurs frais scolaires, des filles qui n’ont pas l’argent pour aller à l’école, qui n’ont pas l’argent pour payer leur nourriture même. Il y a des enseignants qui exploitent cette vulnérabilité ». Raconte Elin Martínez du Human Rights Watch qui a mené cette enquête.
Le rapport de Human Rights Watch dénonce le fait qu’il n’y ait pas de protection dans les écoles. La stigmatisation et le tabou règne. Il y a très peu de plaintes et de dénonciations, notamment pour des cas d’exploitation et de harcèlement sexuel.
Suite à ces accusions, le Ministère de l’Education nationale réagit car selon cette institution la situation de la jeune fille est au centre de leurs préoccupations. Le Ministère de l’Education national au Sénégal rejette entièrement les résultats de cette enquête qu’il trouve biaisé. Les raisons de ce rejet sont nombreuses. L’enquête porte sur « les établissements secondaires au Sénégal », mais les entretiens n’ont été menés que dans 14 collèges et 08 lycées implantés dans trois (3) régions sur les quatorze (14) que compte le Sénégal, en plus d’entretiens à Dakar et dans ses environs. Le Ministère de tutelle trouve également que l’échantillon utilisé pour l’enquête est faible comparativement au nombre de jeunes filles inscrites dans les écoles secondaires. 160 filles (cf. rapport) sur les 544 775 inscrites au Moyen et au Secondaire, soit un pourcentage de 0,029%. Le Ministère de l’éducation rejette les conclusions de cette enquête qui laisse croire que les exploitations sexuelles sont une pratique généralisée et rarement punies.
Alors que dans les faits, toute exploitation sexuelle, tout harcèlement et tout abus à l’encontre d’une fille, dès lors qu’ils sont portés à la connaissance de la Justice, font l’objet d’une condamnation, voire d’une radiation immédiate du coupable, s’il est agent de l’Etat.
« Les mesures prises par le gouvernement »
Le Ministère de l’Education tient d’ailleurs à rappeler que la lutte contre les violences faites aux filles constitue une des priorités du Gouvernement en général et du Ministère de l’Education nationale en particulier qui, dans le cadre de la promotion de l’Education des filles, a créé des bureaux genre dans toutes les 16 inspections d’Académie du Sénégal ; l’une des principales missions de ces bureaux est de mener des actions de sensibilisation sur les différentes formes de violence envers les filles.
En outre, le Ministère de l’Education nationale a mis en place, depuis plus de 10 ans, le Cadre de Coordination des Interventions sur l’Education des Filles qui a élaboré des outils de formation en genre avec un module sur la violence en milieu scolaire, destiné aux enseignants et aux autres acteurs du système éducatif.
Par ailleurs, les inspections médicales des écoles et les Centres académiques de l’Orientation scolaire et professionnelle accompagnent le dispositif existant ; les disciplines comme les Sciences de la Vie et de la Terre et l’Economie familiale prennent en charge les questions liées à la protection de l’enfance, à l’éducation à la vie familiale et à la santé de la reproduction ; il en est de même de la Division du Contrôle médical scolaire qui déroule un programme de prévention, de formation et de sensibilisation sur la santé de la reproduction destiné aux enseignants et aux élèves.