Le directeur technique national du basket-ball sénégalais, Maguette Diop, satisfait de la participation des Lionnes à la Coupe du monde (Tenerife, Espagne-2018), précise qu’il faut renforcer le jeu intérieur de l’équipe nationale féminine. L’instructeur à la Fédération internationale de basket association (Fiba Afrique) décortique, dans cette interview, les performances d’Astou Ndour, les perspectives du basket-ball dans les prochaines compétitions et la détection des basketteuses.
Le Sénégal est classé 12e à la Coupe du monde féminine de basket (Tenerife, Espagne-2018). Etes-vous satisfait de ce rang ?
L’équipe sénégalaise a fait un bon résultat. Je pense aussi que nous méritons ce classement, si on tient compte de notre performance durant le Mondial. L’encadrement technique, les joueuses et les administratifs ont effectué un bon travail permettant à l’équipe féminine sénégalaise de basket de faire une prestation remarquable à cette Coupe du monde 2018. Donc, je pense que cette 12e place est bien méritée, compte tenu de tous ces facteurs que je viens d’énumérer et qui ont contribué à cette place.
Maintenant, au-delà de ce classement général, il faudrait revoir la performance de l’équipe dans ce Mondial. L’équipe n’a jamais été ridicule durant les quatre matches qu’elle a livrés. Nous avons tenu la dragée haute à toutes les formations qui étaient en face de nous. Moi, je pense que c’est ça qu’il faut voir. L’équipe a joué avec le premier pays mondial, les Etats-Unis. Mais, à aucun moment, on n’a pas senti une hégémonie des Américaines. Les Sénégalaises se sont aussi bien comportées face aux Espagnoles championnes d’Europe en titre. Elles ont décroché une victoire contre la Lettonie et fait un jeu égal face à la Chine. Donc, ces différentes prestations prouvent que nos joueuses ont été présentes dans cette compétition. C’est pourquoi il ne faut pas se limiter au classement général, parce qu’au-delà de ce douzième rang, il y a cette performance qui nous satisfait.
Est-ce que l’encadrement technique ne nourrit pas des regrets, après l’élimination du Sénégal en match de barrage des quarts de finale contre l’Espagne, vu que l’équipe sénégalaise pouvait se qualifier ?
Ce sera trop dur de parler de regret. Nous avons été éliminés par l’une des meilleures équipes au monde, l’Espagne. C’était un match très difficile pour le Sénégal, parce que les Espagnoles jouaient devant leur public. L’équipe sénégalaise était aussi diminuée en cours de partie, avec la blessure d’Astou Traoré, l’indisponibilité temporaire de Mame Mary Sy et du forfait de Bintou Diémé. Je crois que tous ces facteurs ont fait que l’Espagne nous a dominés dans les deux derniers quarts-temps. La formation espagnole était plus en jambes. C’est pourquoi l’équipe sénégalaise a été arrêtée en fin de match. Elle ne pouvait plus marquer beaucoup de points dans les troisième et quatrième quarts-temps. On avait atteint nos limites à ce niveau. Ça, il faut le dire. Je ne vais pas parler de regrets. Je dirais plutôt qu’il y a de l’espoir pour cette équipe féminine de basket. On peut espérer encore dans les années à venir.
Mais il y a du travail à faire pour avoir un groupe beaucoup plus compétitif. Cela passe par un renforcement de certains secteurs où l’on a senti des faiblesses. Je pense qu’avec un peu de travail, nous pouvons améliorer notre niveau de jeu et titiller les grandes équipes du monde.
Quels sont les secteurs faibles que la direction technique compte renforcer ?
Nous avons gagné le match contre la Lettonie grâce au jeu intérieur avec son apport de 14 points. Mais nous avons senti une faiblesse du secteur intérieur dans les autres rencontres. Les grandes équipes ont fait la différence avec leur jeu intérieur. L’Espagne a son Astou Ndour et l’Australie dispose d’un bon pivot, Cambedge. Ces deux joueuses ont largement contribué dans les résultats de leurs équipes respectives. C’est vrai que le Sénégal a un jeu intérieur, mais il faudrait que le travail continue au niveau de ce secteur. Certes, le secteur extérieur marche bien avec Astou Traoré et Yacine Diop, mais nous devons travailler pour être plus présent lors de la prochaine Coupe d’Afrique. Au niveau des arrières aussi, il y a de bons éléments, mais on doit les renforcer. Au niveau de la mène, un problème s’est posé avec la blessure de Bintou Diémé, mais Diodio et Khady Dieng l’ont supplée.
Certains techniciens du basket reprochent à la direction technique de ne pas faire une bonne détection pour assurer la relève ou renforcer l’équipe nationale féminine. Qu’est-ce que vous faites concernant la détection des jeunes talents ?
Ce n’est pas facile de détecter des joueuses, parce qu’il ne s’agit pas de faire une détection en prenant des joueuses un peu partout au Sénégal. Ce n’est pas ça, en réalité. Les gens pensent qu’il faut parcourir tout le territoire national pour faire des détections. Le plus important, c’est de trouver des basketteuses de niveau mondial. C’est là où se situe le problème. Il faut donc trouver de très bonnes joueuses. Sinon, on va continuer avec l’effectif que nous avons déjà. Pour cela, il faut les renforcer en essayant de leur donner d’autres possibilités pour qu’elles soient encore beaucoup plus performantes.
Moi, je crois à la continuité, c’est-à-dire travailler avec celles qui sont là, voir comment améliorer leurs performances et les rendre beaucoup plus compétitives. La direction technique est déjà près de notre objectif : bâtir un groupe performant, contrairement à ce que pensent d’autres personnes. On peut maintenant faire une bonne détection et continuer à travailler dans le futur. Mais, dans l’immédiat, ce dont nous avons besoin, c’est de pouvoir renforcer le secteur intérieur avant l’Afrobaket-2019. Je pense qu’il faut travailler dur avec celles qui sont là et voir qu’est-ce que la détection nous donnera à long terme.
Quelle est la perspective de cette équipe féminine ?
L’objectif de l’équipe nationale féminine, c’est la reconquête du titre de l’Afrobasket. Nous en avons déjà parlé avec l’entraineur Cheikh Sarr. Nous lui avons confié l’équipe, mais l’objectif principal, c’est la reconquête du titre en passant par la Coupe du monde pour mieux préparer l’équipe. Et je pense qu’un pas est déjà franchi. L’entraineur va encore travailler avec son groupe, après avoir fait une bonne analyse du Mondial pour voir comment aborder la prochaine Coupe d’Afrique des nations.
Astou Ndour, Sénégalaise naturalisée espagnole, fait partie du cinq majeur du Mondial de basket féminin. Quelle analyse faites-vous de la prestation de cette joueuse ?
Elle a réalisé de bonnes performances. C’est une très grande joueuse. Malheureusement, elle ne joue pas pour le Sénégal. Elle a préféré l’Espagne. Sa désignation dans le 5 majeur de la Coupe du monde honore toute la population sénégalaise. Astou Ndour est une fierté pour le Sénégal. Elle honore notre basket, parce qu’elle a démarré sa carrière à l’As Jaraaf de Dakar. Son transfert en Espagne a été bénéfique pour elle, car c’est là-bas où elle s’est développée et améliorée. Je lui souhaite tout le bonheur pour la suite de sa carrière. Elle a pris la nationalité espagnole, mais elle s’intéresse encore à notre basket.
L’équipe nationale masculine de basket, battue par le Nigeria au tournoi de Lagos, doit attendre encore pour décrocher le deuxième ticket du groupe F. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
La qualification au Mondial-2019 est très compliquée. Elle se joue en six fenêtres. Nous avons joué des matches à Dakar, à Maputo et à Lagos. L’objectif du Sénégal, dans le tournoi du Nigeria, c’était de gagner nos deux premiers matches pour prendre plus de distance sur nos poursuivants : Mali, Rwanda ou la Côte d’Ivoire. Nous l’avons réussi parce que l’équipe avait la possibilité de se qualifier à l’issue de ces deux rencontres. Malheureusement, le dernier match a mal tourné pour nous. L’encadrement technique et l’entraineur ont fait l’évaluation de ce tournoi. Ce qui est important, c’est qu’on a encore la chance de se qualifier. Nous avons encore notre destin en main, parce que nous cherchons une victoire sur nos trois prochaines rencontres.
Maurice Ndour a annoncé son départ de l’équipe nationale masculine sénégalaise. Est-ce que vous allez parler avec lui pour qu’il revienne sur sa décision ?
Cette retraite, je l’ai apprise à travers les médias. Il ne nous a pas saisis officiellement. Mais je vais en parler avec l’entraineur et les autorités fédérales. Ce qui est sûr, c’est que Maurice Ndour est un patriote. Je demeure convaincu qu’il sera présent à l’occasion des prochaines éliminatoires pour qualifier le Sénégal à la Coupe du monde 2019.