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Cinq ans ferme pour Khalifa Sall, l’emblématique maire de Dakar

Après deux mois et demi de procès, Khalifa Sall, maire de Dakar, a été condamné vendredi 30 mars à cinq ans…

Après deux mois et demi de procès, Khalifa Sall, maire de Dakar, a été condamné vendredi 30 mars à cinq ans de prison ferme pour escroquerie dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de la capitale sénégalaise.

“Le verdict du procès de Khalifa Sall et ses coprévenus est tombé net comme un couperet”, rapporte le site d’information sénégalais Rewmi. Khalifa Ababacar Sall, l’emblématique député et maire de Dakar, ainsi que son directeur des affaires financières, Mbaye Touré, ont été jugés par le tribunal coupables de plusieurs délits, notamment ceux d’escroquerie aux deniers publics, de faux et usage de faux. Ils ont également été reconnus coupables de complicité pour faux en écriture privée.

Sur le délit de détournement de deniers publics, le maire a été déclaré innocent. Le tribunal a également rejeté les accusations d’association de malfaiteurs et de blanchiment d’argent. Finalement, Khalifa Sall écope de cinq ans de prison ferme. En plus de sa condamnation, le maire socialiste est sommé de régler une amende de 5 millions de francs CFA (environ 7 600 euros). Sans surprise, ses avocats ont déjà indiqué leur volonté de faire appel de ce jugement.

La décision du juge Malick Lamotte est en deçà des réquisitions du parquet, qui réclamait une peine de sept ans d’emprisonnement ferme, accompagnée d’une amende de 5,5 milliards de francs CFA (environ 8 millions d’euros). L’issue du procès ne faisait aucun doute pour Cheikh Moussa Sarr de Rewmi :

Très tôt, on a senti l’étau se resserrer autour de Khalifa Sall, qui semblait aller inéluctablement vers une condamnation.”
La chute de l’homme politique, élu à la tête de la mairie de Dakar en 2009, populaire auprès des Sénégalais, commence le 7 mars 2017, lors de son incarcération à la prison dakaroise de Rebeuss. Un audit effectué par l’Inspection générale de l’État (IGE) avait conclu que le maire de la capitale s’était allègrement servi, entre 2011 et 2015, dans la caisse d’avance de la ville, alimentée mensuellement de 30 millions de francs CFA (environ 50 000 euros) et normalement utilisée pour répondre aux besoins urgents des populations. Mais le rapport de l’IGE transmis à la justice doute de l’authenticité des factures justifiant l’affectation des sommes. L’accusé, suspecté d’avoir détourné 1,8 milliard de F CFA (2,8 millions d’euros), dort derrière les barreaux depuis.

L’enjeu de la présidentielle de 2019
“Les factures utilisées pour décaisser l’argent déclarées fausses, le chef d‘inculpation portant faux et usage de faux peut entraîner un retrait des droits civiques du candidat potentiel à la présidentielle de 2019”, croit savoir le site d’information Dakar Actu.C’est là que repose le véritable enjeu de ce procès considéré comme une cabale politique pour les avocats du député-maire, qui se disent “convaincus que ce procès avait pour seul but d’écarter le maire de Dakar de la prochaine élection (présidentielle, NDLR)”, poursuit le portail d’actualités Rewmi.

Cette affaire politico-judiciaire tient le Sénégal en haleine depuis plus d’un an. Très attendu, le verdict a failli être reporté à cause de l’appel à la grève du Syndicat des travailleurs de la justice. Mais “le juge Malick Lamotte a manifesté sa volonté de tenir l’audience. Ce, en évoquant une disposition judiciaire qui lui permet d’assurer la continuité du service public de la justice”, rappelle le site La vie sénégalaise.

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