Décidément, la préservation par le Royaume de l’héritage juif marocain traduit fortement la place légitime des Juifs dans l’histoire du Maroc. Ce patrimoine culturel judéo-marocain transmet aux nouvelles générations l’héritage du vivre ensemble. À travers ses sites historiques, ses synagogues, ses mellahs, ses expressions culturelles et artistiques, le patrimoine judéo-marocain témoigne d’une histoire commune et multiséculaire, et transmet aux nouvelles générations un héritage dont la valeur est inestimable.De par son identité nourrie et enrichie en partie par des composantes hébraïques, le Maroc constitue certes un cas exceptionnel de convivialité, de coexistence et de cohabitation entre Musulmans et Juifs, qui ont contribué à la culture et au patrimoine du pays.
C’est dans le cadre qu’intervient la visite que le Roi Mohammed VI a effectuée, ce mercredi à l’ancienne médina d’Essaouira, à «Bayt Dakira», un espace spirituel et patrimonial de préservation et de valorisation de la mémoire judéo-marocaine, unique en son genre au sud de la Méditerranée et en terre d’Islam.
En effet, cet espace historique, culturel et spirituel, abrite, après des travaux de restauration, la Synagogue «Slat Attia», la maison de la mémoire et de l’histoire «Bayt Dakira» et le Centre international de recherches Haim et Célia Zafrani sur l’histoire des relations entre le Judaïsme et l’Islam.
La visite du Souverain à cet édifice traduit l’intérêt particulier qu’accorde le Souverain au patrimoine culturel et cultuel de la communauté juive marocaine, et sa volonté permanente de préserver la richesse et la diversité des composantes spirituelles du Royaume et de son patrimoine authentique.
Lors de cette visite, le Souverain a été salué par le Grand Rabbin de Casablanca, M. Joseph Israel, et le Grand Rabbin M. David Pinto, avant de visiter la salle de prière «Slat Attia», l’une des synagogues les plus emblématiques d’Essaouira-Mogador qui reflète l’exceptionnelle singularité et la richesse du judaïsme marocain.
Le Souverain a, par la suite, été salué par Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Ensuite, le conseiller du Souverain, André Azoulay a présenté au Roi les deux Livres Saints : Le Coran et La Thora.
A cette occasion, le chantre Michel Abittan a interprété des chants religieux, avant que le Grand Rabbin de Casablanca, M. Joseph Israel, ne prononce une bénédiction pour SM le Roi Mohammed VI.
Par la suite, le Conseiller de SM le Roi, Président de l’Association Essaouira-Mogador, M. André Azoulay, a prononcé une allocution devant le Souverain dans laquelle il a affirmé que cette visite du Souverain scelle la renaissance de la ville d’Essaouira, qui a toujours été tournée vers le reste du Monde, notant que c’est un jour historique qui porte l’empreinte de « notre Maroc séculaire et millénaire qui a su protéger la très grande diversité, qui est la richesse centrale de notre pays ».
« Cette maison est celle de la mémoire et de l’histoire. Elle est aussi celle de cette boussole marocaine dont le monde a besoin aujourd’hui, un monde en quête de repères, un monde qui tourne le dos à toutes ces valeurs qui sont celles de notre pays sous le leadership de SM le Roi, Amir Al-Mouminine », a ajouté M. Azoulay.
Ayant pour centre de gravité la Synagogue «Slat Attia», Bayt Dakira est un lieu de mémoire qui raconte par les objets, les textes, la photo et le film l’exceptionnelle saga du Judaïsme dans la ville d’Essaouira et de ses patrimoines : du cérémonial du thé à l’art poétique hébraïque, de l’orfèvrerie du filigrane de l’or et de l’argent à la broderie et à la confection de somptueux caftans, des arts culturels à la littérature et des rituels souiris à la synagogue aux grands comptoirs du négoce qui ont fait le rayonnement de Mogador au 18è et 19è siècle.
« Bayt Dakira », qui présente et explique tous les passages de la vie juive à Essaouira, de la naissance au décès et de la Bar Mitzvah au mariage, est également un lieu de pédagogie grâce au Centre de Recherches Haim et Célia Zafrani sur l’histoire des Relations entre le Judaïsme et l’Islam, qui constitue un espace d’échange entre les chercheurs de divers horizons et un espace de partage, de transmission et de résistance à l’amnésie.
L’héritage juif marocain est une composante ancrée de l’histoire du Maroc qui s’est retrouvée, à juste titre, listée parmi celles formant l’identité nationale. Fait unique et sans précédent dans le monde arabe, la Constitution fournit également un cadre juridique pour la pleine jouissance des libertés religieuses.
Depuis 2011, l’héritage hébraïque est inscrit dans la Constitution marocaine. Le texte indique que l’identité du Maroc se nourrit notamment du judaïsme. Unique dans un pays musulman. De fait, les juifs sont présents dans le pays depuis au moins deux millénaires. Après la seconde guerre mondiale, on estime qu’ils étaient entre 2 et 300 000. Aujourd’hui, ils ne seraient plus qu’un millier.