L’ONG Tostan a entamé mercredi une campagne de sensibilisation contre les mariages précoces et l’excision dans 12 villages du département de Tambacounda (est), où ces phénomènes existent à une échelle jugée encore préoccupante.
« Les pourcentages d’enfants excisées ou mariées restent encore élevés dans la région de Tambacounda. Beaucoup de communautés ont déjà fait part de leur volonté d’abandonner l’excision, mais le mal est encore là », a constaté Harouna Sy, le coordonnateur de Tostan dans les régions de Kédougou (sud-est) et Tambacounda.
Il prenait part à « un atelier de présentation de la situation des mariages d’enfants et de l’excision » dans ces deux régions.
L’atelier a eu lieu à l’occasion d’une campagne contre ces pratiques par l’Unicef, le gouvernement du Sénégal et le Fonds des Nations unies pour la population.
A Tambacounda et Kédougou, environ 42 % des filles dont l’âge est compris entre neuf et 15 ans ont été excisées ou données en mariage, affirme M. Sy, tout en reconnaissant que les mariages précoces et l’excision sont moins pratiquées qu’auparavant.
« Nous étions à 85 % il y a quelques années. Aujourd’hui, 48 % des filles sont excisées. Et une fille sur trois est mariée avant l’âge de 16 ans », a-t-il précisé, ajoutant : « Les chiffres restent alarmants, ce qui signifie que nous devons persévérer dans la sensibilisation. »
« Beaucoup de communautés ont arrêté ces pratiques néfastes pour la santé de l’enfant. Toutefois, nous devons continuer la sensibilisation jusqu’à leur éradication », a poursuivi Harouna Sy.
C’est une nécessité de former et de sensibiliser les jeunes sur « les méfaits » de la pratique de l’excision, et de leur faire connaître les lois en vigueur interdisant cette pratique, a-t-il dit.
L’Assemblée nationale a adopté une loi interdisant la pratique de l’excision depuis la fin des années 90, mais cette pratique est encore persistante au Sénégal.