Des coordonnateurs nationaux de candidats de l’opposition ont déploré, lundi à Dakar, un traitement « inégalitaire » à propos des informations sur le parrainage, là où d’autres « opposants » estiment que « c’est clair dans l’esprit de tout le monde ».
« Je viens de recevoir l’ensemble des documents, et voilà la décharge. La lecture que j’en fais est que ça nous paraît être de la farce », a laissé entendre Mapenda Diaw Mbaye, mandaté par le candidat déclaré Cheikh Hadjibou Soumaré, ancien Premier ministre (juin 2007-avril 2009), pour venir récupérer à la Direction générale des élections (DGE), à l’instar d’autres collègues coordonnateurs nationaux de candidats de partis, coalitions de partis et indépendants, les instruments (fiche et fichier électronique) servant à la collecte des signatures des électeurs pour la présidentielle sénégalaise de 2019.
« Il y a une rupture profonde de l’égalité, du traitement égalitaire de l’ensemble des candidats aux procédures d’élection », a poursuivi le politicien, très remonté par le fait que « le ministre de l’Intérieur (Aly Ngouille Ndiaye) était bien au courant de ce qui se cachait dans cette dernière ligne, notamment la colonne qui doit être renseignée par le numéro de la carte d’identité de la Cedeao ».
Pour lui, « c’est aujourd’hui que tous les candidats ont été officiellement avisés » sur ce fait.
Contrairement à M. Mbaye, Me Abdoulaye Babou, mandaté par l’ancien ministre de l’Energie Samuel Sarr, trouve que « sur la forme et le fond, nous pensons que c’est clair dans l’esprit de tout le monde ».
L’avocat et politicien, qui place son candidat, « digne fils d’Abdoulaye Wade », dans le camp de l’opposition, a par ailleurs appelé à « dépasser l’étiquette du ministre de l’Intérieur », vilipendé par une bonne partie de ses collègues opposants pour son « manque de neutralité et sa partialité ».
Pour Me Babou, « c’est la Direction générale des élections qui organise les élections ». Et que le processus électoral « est sensiblement amélioré », donc « il n’y a pas une possibilité de fraude. C’est impossible ! », a-t-il tenté de convaincre.
Pas convaincu au même titre que Mapenda Diaw Mbaye, Assane Bâ, autre mandataire d’un candidat, « récuse » tout justement l’organisation de la prochaine élection par Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Intérieur, par ailleurs leader politique au sein du parti au pouvoir, Alliance pour la République (APR).
« Foncièrement contre » le système de parrainage, il demande au président Macky Sall, « minoritaire sociologiquement dans le pays », « de revoir sa copie » en encourageant l’organisation de la prochaine présidentielle « selon le code électoral consensuel de 1992 (…) qui a produit deux alternances démocratiques en 2000 et en 2012 ».
Au cas échéant, il indique que l’opposition va continuer d’user des « moyens de lutte » allant des marches aux conférences publiques, en passant par la dénonciation auprès des représentations diplomatiques, coutumières et religieuses, pour contraindre le chef de l’Etat à leur volonté.
Selon la révision constitutionnelle adoptée le 19 avril 2018, tout candidat à l’élection présidentielle doit obtenir un parrainage au moins égal à 0,8% et de 1% au maximum du corps électoral.
Au Sénégal, le parrainage était jusque-là réservé aux candidatures indépendantes. Les parrainages de chaque candidat doivent être collectés dans sept régions au moins, à raison de 2.000 au moins par région.
Selon le code électoral sénégalais, la liste des électeurs ayant parrainé un candidat doit être présentée sur fichier électronique et en support papier. Un électeur ne peut parrainer qu’un seul candidat. La collecte des parrainages va durer trois mois.