Le Sénégal perd l’un de ses plus hauts magistrats. Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel, est décédé à Dakar, ce jeudi 10 avril 2025. Il avait 73 ans.
L’annonce de son décès a été faite par Me El Hadj Aya Boun Malick Diop, secrétaire général du Sytjust. Plusieurs médias locaux ont aussitôt relayé la nouvelle.
Un parcours exceptionnel au sommet de la justice
Mamadou Badio Camara a dirigé plusieurs grandes institutions judiciaires. Il a notamment présidé la Cour suprême et le Conseil supérieur de la magistrature. En 2021, il prend la tête du Conseil constitutionnel.
Son parcours témoigne d’une grande rigueur et d’un engagement fort pour l’État de droit.
Un rôle décisif pendant la crise électorale de 2024
En février 2024, le président Macky Sall tente de reporter la présidentielle de dix mois. Ce projet, soutenu par la majorité parlementaire, provoque une crise politique majeure.
Le Conseil constitutionnel, sous l’autorité de Mamadou Badio Camara, juge la décision contraire à la Constitution. Ce verdict contraint Macky Sall à organiser l’élection le 25 mars 2024.
Celle-ci sera remportée par Bassirou Diomaye Faye, candidat de l’opposition, soutenu par Ousmane Sonko.
Un homme attaché aux principes constitutionnels
Lors de la Nuit du droit, à Paris, en octobre 2024, Camara fait une révélation marquante. Le Conseil constitutionnel avait émis un avis défavorable à un troisième mandat présidentiel.
Bien que non rendu public, cet avis aurait dissuadé Macky Sall de se représenter. Ce geste renforce encore l’image d’un homme de principe.
Une réforme institutionnelle en cours
Le décès de Camara survient en pleine réforme de l’architecture institutionnelle du Sénégal. Le président Bassirou Diomaye Faye a annoncé la création d’une Cour constitutionnelle pour remplacer le Conseil actuel.
Selon ses propos, les textes législatifs nécessaires ont été finalisés et transmis pour validation.
Un héritage ancré dans l’histoire démocratique
Mamadou Badio Camara laisse un vide profond. Il fut une figure clé dans la défense de la légalité constitutionnelle durant une période critique.
Son action aura permis de préserver l’ordre démocratique et de renforcer la légitimité des institutions.
Alors que le pays s’engage dans une refonte judiciaire historique, son héritage demeure essentiel.