Après plusieurs renvois, le procès en diffamation opposant le président de l’Union des exploitants forestiers, Abdoulaye Sow, et l’écologiste Haïdar El Ali, plus connu sous le nom de Ali Haïdar, s’est tenu hier. L’exploitant forestier réclame 50 millions de francs CFA à l’ex-ministre de l’Environnement et le franc symbolique aux journalistes qu’il a disculpés à la barre.
Le président de l’Union des exploitants forestiers, Ablaye Sow, s’est senti diffamé par l’écologiste Haïdar El Ali, plus connu sous le nom de Ali Haïdar, qui l’a traité de trafiquant de bois, lors d’émissions diffusées à la Radio futurs médias et à la SenTv, organisées à la suite de l’assassinat de 13 personnes dans la forêt de Boffa Bayote. D’après les termes de la citation à SenTV, le journaliste Fabrice Nguéma a demandé à Haïdar El Ali, ‘’en tant qu’écologiste et ardent défenseur de la nature’’, s’il soupçonnait quelqu’un ou quelque chose. La réponse du prévenu fut : ‘’Le plus grand des trafiquants est pour moi, bien sûr, Ablaye Sow, le président des exploitants forestiers. Il est connu pour ses méfaits. Je l’avais combattu quand j’étais ministre de l’Environnement, mais bon, c’est toute une mafia (…)’’. A El Hadj Assane Guèye de la Rfm, mentionne la citation, il lui a répondu en wolof : ‘’On ne dérange pas les grands trafiquants ; Bouzeina de Suisse et Ablaye Sow de Dakar sont les deux plus grands trafiquants de l’Afrique de l’ouest.’’
Pour laver son honneur, l’exploitant forestier réclame la somme de 50 millions de francs CFA au titre de dommages et intérêts à l’écologiste. Pour la défense, cette demande n’est pas fondée, puisque la citation est nulle. Selon Me Sady Ndiaye, avocat d’Aly Haïdar, le délai de 20 jours (date entre délivrance de la citation et la comparution) n’a pas été respecté et que les faits incriminés ne sont pas articulés dans la citation. Le troisième grief porte sur le non-respect du délai de deux mois nécessaires pour la tenue du procès. Des arguments battus en brèche par Me Ousmane Thiam qui juge les exceptions mal fondées. D’après son argumentaire, le délai a été bel et bien respecté et les faits bien articulés.
Dans le même ordre d’idées, il estime qu’on ne peut pas imputer à la partie civile le retard du jugement, puisqu’elle n’organise pas le procès. Il s’y ajoute qu’aucune sanction n’est attachée à ce retard. Me Thiam a également relevé que la loi ne dit pas que la citation doit être envoyée uniquement au lieu de résidence du prévenu et non à son adresse personnelle. ‘’On s’arcboute sur des exceptions, car on n’a pas de preuve. Le courage dont il a fait montre à la radio doit être exprimé à la barre’’, a conclu l’avocat tout en demandant le rejet des exceptions. Le substitut Seydina Omar Diallo a fait la même remarque, en demandant le rejet. Le tribunal a joint les exceptions au fond et a ordonné la poursuite des débats.
Au cours des débats, l’ex-ministre de l’Environnement a maintenu ses accusations en soutenant que l’exploitant forestier est bel et bien un trafiquant de bois au cœur d’une mafia. Pour étayer ses allégations, il a fait état d’un procès-verbal des Douanes qui met en cause le plaignant. Le prévenu l’a contesté en laissant entendre qu’il est victime d’acharnement de Haïdar. ‘’C’est la quatrième fois qu’il me cite. Il m’a insulté en me traitant de trafiquant, alors que j’ai une famille et je dirige environ 30 000 personnes.
Qu’il sorte les preuves !’’ a soutenu Ablaye Sow qui s’est également mis dans la posture de l’accusateur. ‘’Durant le règne de Wade, on n’a jamais entendu de trafic international. Celui-ci a démarré en 2012, à son arrivée au ministère de l’Environnement’’, a avancé le plaignant. En revanche, celui-ci a disculpé le journaliste de la RFM accusé de complicité de diffamation avec son confrère de Dmédia. ‘’Je reconnais que cela lui a échappé, lorsque Haïdar a parlé de moi. Mais j’avoue qu’El Hadj Assane Guèye ne m’a pas accusé, contrairement à Fabrice qui a voulu qu’il me cite, car il me connaît très bien’’, a soutenu Ablaye Sow en réaction aux déclarations des deux journalistes qui ont soutenu qu’ils n’ont pas prêté attention, lorsque Haïdar parlait du plaignant, puisqu’il a avancé plusieurs autres noms anonymes.
Quoi qu’il en soit, Me Thiam a laissé entendre que l’image de son client a été ternie par des assertions fausses et dénuées de fondement. Et d’ajouter que le sieur Sow ‘’n’est ni un trafiquant de bois encore moins un malfaiteur’’. Le Parquet a requis l’application de la loi. Ce qui équivaut, pour Me Sady Ndiaye, à la relaxe des prévenus. Puisque, d’après Me Bamba Cissé, ‘’il y a un problème de légalité des poursuites’’ et qu’El Hadj Assane n’a jamais eu l’intention de nuire. Mieux, il trouve la poursuite abusive, puisque Ablaye Sow a eu le loisir de s’exprimer à travers un droit de réponse.