Le président mauritanien sortant, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a été réélu dès le premier tour pour un second mandat avec 56,12 % des voix, a annoncé lundi la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
M. Ghazouani a devancé largement son principal rival, le militant anti-esclavagiste Biram Dah Abeid, qui a obtenu 22,10 % des voix lors du vote de samedi, selon les résultats annoncés par le président de la Ceni, Dah Ould Abdel Jelil. Biram Dah Abeid a déclaré dimanche qu’il ne reconnaîtrait pas les résultats officialisés par la Ceni, qu’il accuse d’être instrumentalisée par le pouvoir.
Le candidat islamiste de Tawassoul, premier parti d’opposition à l’Assemblée nationale, Hamadi Ould Sidi El Mokhtar, s’est classé troisième avec 12,78 % des suffrages, selon ces résultats.
« Nous avons tout fait pour préparer les conditions d’une bonne élection et nous y avons relativement réussi », a déclaré le président de la commission électorale.
M. Ghazouani, militaire de carrière de 67 ans et grand favori de l’élection, l’avait déjà emporté au premier tour en 2019 avec un score légèrement inférieur de 52 %. Les Mauritaniens ont donc choisi la continuité à la tête de leur pays de 4,9 millions d’habitants, qui n’a plus connu d’attaque jihadiste sur son sol depuis 2011, alors qu’elles abondent au Mali voisin et ailleurs au Sahel.
Les résultats publiés depuis samedi soir en continu, bureau par bureau, sur une plateforme officielle en ligne, ne laissaient guère de doute sur l’issue du scrutin. Biram Dah Abeid a averti : « Nous ne reconnaîtrons que nos propres résultats et sur cette base, nous descendrons dans la rue pour refuser le hold-up électoral. » Dimanche en fin d’après-midi, certains de ses partisans ont brûlé des pneus et des poubelles, perturbant la circulation dans certains quartiers. Depuis, les forces de sécurité encerclent son siège de campagne. Son porte-parole a annoncé l’arrestation de son directeur de campagne.
Tard dans la soirée, le ministre de l’Intérieur a déclaré qu’il « ne tolérera aucun agissement de nature à perturber la quiétude et la tranquillité des citoyens et des résidents installés chez nous ». La présence policière a fortement augmenté dans la capitale. Le candidat islamiste a déclaré samedi qu’il « restait attentif à tout manquement » tout en appelant ses militants à éviter tout ce qui pourrait créer le désordre et perturber la tranquillité publique.
M. Ghazouani a fait de l’aide aux plus démunis et à la jeunesse l’une de ses priorités. En Mauritanie, les moins de 35 ans, qui représentent plus de 70 % de la population, partent de plus en plus vers l’Europe ou les États-Unis, en quête d’une vie meilleure.
Après un premier mandat entravé par l’épidémie de Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine, M. Ghazouani espère réformer davantage au cours de son second mandat de cinq ans grâce à des perspectives économiques favorables. Pour la période 2024-2026, la Banque mondiale prévoit une croissance moyenne de 4,9 %, grâce au lancement de la production de gaz au second semestre 2024. L’inflation, qui avait atteint un pic de 9,5 % en 2022, est passée à 5 % en 2023 et devrait continuer à diminuer pour atteindre 2,5 % en 2024.
Aucun incident majeur n’a été signalé lors de cette présidentielle, marquée par un taux de participation en baisse par rapport à 2019, s’élevant à 55,39 %. La Mauritanie a connu une succession de coups d’État de 1978 à 2008, avant que l’élection de 2019 ne marque la première transition entre deux présidents élus.