Le lundi 14 avril, l’hémicycle a vibré au rythme d’un échange musclé entre le Premier ministre Ousmane Sonko et les députés. L’exercice traditionnel de questions au gouvernement s’est transformé en arène politique. Au centre des débats : la réforme de la justice et les équilibres institutionnels.
Le député Saye Cissé a ouvert les hostilités, soulevant les tensions croissantes entre les trois pouvoirs. En réponse, Ousmane Sonko a rappelé que sa légitimité ne vient pas du Président, mais de la Constitution elle-même. Il a assuré que toutes les réformes seront réalisées dans le strict respect du cadre constitutionnel.
Le député Tafsir Thioye a suggéré un référendum pour trancher sur les réformes de la justice. Une option jugée pertinente par le Premier ministre, qui l’envisage après la phase de concertation en cours.
Un climat tendu entre gouvernement et opposition
C’est sur la sécurité et les libertés publiques que le ton s’est durci. Le député Pape Djibril Fall a dénoncé le licenciement de 312 policiers, qu’il jugeait injustifié. « Ces recrutements étaient politiques », a rétorqué Sonko, assumant pleinement la décision.
L’arrestation du journaliste Simon Faye a envenimé le débat. Accusé d’atteinte à la liberté de la presse, Sonko a rappelé que la liberté d’expression est encadrée par la loi. « Je n’ai jamais fait arrêter quelqu’un », a-t-il insisté, dénonçant les amalgames.
Dans une déclaration forte, il a affirmé vouloir une « justice indépendante, rapide et crédible, rendue au nom du peuple ».
Réformes fiscales, lutte contre l’émigration et confiance retrouvée
Sur le plan économique, Ousmane Sonko a plaidé pour une réforme fiscale audacieuse : « Le Sénégalais doit se familiariser avec le fait de payer l’impôt », tout en assurant que les taux resteront acceptables. L’objectif : élargir l’assiette fiscale, intégrer le secteur informel et lutter contre l’évasion.
Concernant l’émigration irrégulière, le chef du gouvernement a condamné l’exploitation des jeunes par les réseaux de passeurs. Il a annoncé un renforcement de la surveillance maritime et un durcissement des sanctions : « Il n’y a pas de justificatifs pour aller mourir en mer. »
Sur le front du dialogue national, le processus est officiellement lancé. Prévu pour le 28 mai, il portera sur la démocratie, les réformes institutionnelles et le processus électoral. Le gouvernement veut inclure tous les acteurs de la société, des chefs religieux aux acteurs du privé.
Enfin, le Premier ministre a salué la confiance du peuple, exprimée lors de la dernière élection présidentielle et à travers l’emprunt obligataire récemment bouclé avec succès. Il a annoncé l’émission prochaine d’un SUKUK pour renforcer les ressources de l’État.