L’ancien SG de l’AIF, Jean-Louis ROY, a présenté à Dakar son dernier ouvrage

La croissance démographique du continent africain, « loin d’être épouvantable’’, peut devenir à terme un élément de croissance des pays concernés, comme ce fut le cas de la Chine, estime l’ancien secrétaire général de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF), Jean-Louis Roy.
« Loin d’être épouvantable comme l’attestent certains, la démographie de l’Afrique peut être un des éléments de sa croissance comme il en était en Chine », a dit l’essayiste québécois, dont le dernier ouvrage a été présenté mardi à Dakar.
Intitulé « Bienvenue en Afrique, le chantier du siècle », cet essai propose une analyse des « changements du monde tels qu’ils affectent l’Afrique ».
« La population du monde a été multipliée par trois depuis 1950 et celle de la Chine par deux durant les trente dernières années, et les économistes chinois disent qu’un des éléments de la croissance de la Chine, à l’époque pays le plus pauvre du monde qui est devenue en 30 ans la deuxième puissance du monde, est le fait de sa démographie’’, a expliqué Jean-Louis Roy.
« Il y avait un milliard de Chinois à loger, nourrir, scolariser, soigner. La demande de produits et de services a créé la croissance », ajoute l’auteur dont les thèses sont inspirées des travaux des « Think Tanks’’, laboratoires d’idées sur le continent créés par des Africains pour éclairer sur l’état du continent et de ses habitants, plutôt que par les sources traditionnelles telles que la Banque mondiale ou le Fonds monétaire internationale (FMI).
L’ancien secrétaire général de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie en dénombre 745 en Afrique, continent dont il ambitionne de contribuer à changer la représentation traditionnelle.
Selon lui, « les gens ont encore une représentation très figée de l’Afrique’’ où « c’est la pauvreté, la malnutrition, l’Afrique c’est tout ce qui est négatif ».
« Oui il y a cela et c’est aussi le cas un peu partout. Mais il n’y a pas que cela. Ce qui est en train d’arriver en Afrique, on doit l’inclure dans la représentation et cela bouleverse complètement le schéma qu’on avait », note Jean-Louis Roy.
Pour Jean-Louis Roy, « l’Afrique est le continent de demain en lien avec l’Asie ». « Si la connexion Afrique-Asie continue à bien se faire, l’Afrique sera le continent de demain. La Chine a vite compris que l’Afrique ce n’est pas seulement les matières premières, c’est aussi un marché », souligne l’écrivain et diplomate québécois.
A l’en croire, « le basculement de la richesse de l’Ouest c’est-à-dire de l’Occident vers l’Est qui est l’Asie et le déploiement universel de l’ère numérique explique les mutations en cours dans le monde ».
Il estime que la convergence de ces changements a porté le développement en Asie au cours de ce dernier quart de siècle.
« De l’Asie, elle le porte aujourd’hui en Afrique et fait du continent noir le chantier du siècle. Une Afrique qui en 2040-2050, totalisera 2,5 milliards de personnes et appartiendra, avec l’Inde et la Chine, aux plus importantes communautés d’internautes de la planète », a-t-il prédit.
L’ancien ministère sénégalais des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, présent à la cérémonie de présentation de l’ouvrage de Jean-Louis Roy, affirme que cette publication s’inscrit dans une « rupture paradigmatique ».
« Le paradigme avant, c’est que les gens parlaient pour nous, ils nous expliquaient ce qu’on doit faire et comment le faire. Ils parlaient de leurs craintes et qu’il fallait ralentir la croissance démographique du continent », dit-il.
Or, ajoute M. Gadio, le livre de M. Roy, « Bienvenue en Afrique, le chantier du siècle » (190 pages), publié aux éditions ’’Feux de brousse’’ du poète sénégalais Amadou Lamine Sall, « aborde les choses sous un angle totalement différent, d’abord en s’appuyant sur les centres de réflexions en Afrique et mettant de côté les sources officielles ».
Jean-Louis Roy, actuellement président directeur général du consortium regroupant la Bibliothèque nationale et les archives du Québec ainsi que la grand bibliothèque de Montréal, est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l’Afrique.
Ils ont été regroupés dans « Ma rencontre avec un continent-Ecrits sur l’Afrique 1971- 2011 », une publication des éditions « Feux de brousse ».

Sénégal: Cheikh Tidiane Gadio libre, les poursuites aux Etats-Unis abandonnées

Cheikh Tidiane Gadio est libre. L’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal avait été interpellé le 17 novembre dernier aux Etats-Unis, et était depuis décembre en résidence surveillée. Mais les poursuites dont il faisait l’objet, pour des soupçons de corruption, de blanchiment, de fraude et d’évasion fiscale ont été abandonnées par le tribunal fédéral de New York en charge de ce dossier. Cheikh Tidiane Gadio prévoirait de rentrer prochainement au Sénégal.
avec notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier

Les charges qui pesaient contre Cheikh Tidiane Gadio étaient lourdes.

Ministre des Affaires étrangères du Sénégal de 2000 à 2009, il était notamment soupçonné d’avoir, plus tard, proposé des pots de vins à des officiels tchadiens, afin d’obtenir des concessions et marchés au profit du conglomérat CEFC China Energy.

Dans ces dossiers, si son nom était lié à celui de l’homme d’affaire chinois Chi Ping Patrick Ho, leurs cas ont rapidement été disjoints. Et face à la justice américaine, les deux hommes ont chacun joué leur carte personnelle.

Mais malgré certains documents fournis par Chi Ping Patrick Ho aux enquêteurs, c’est bien Cheikh Tidiane Gadio qui est aujourd’hui en meilleure posture puisque toutes les poursuites contre lui sont finalement abandonnées. Et il pourrait tout à fait être appelé comme témoin à charge lors du futur procès de son ancien partenaire.

En attendant, après plus de neuf mois de résidence surveillée aux Etats-Unis, Cheikh Tidiane Gadio pourrait bien retourner à Dakar dans les mois à venir.
Son avocat évoque en tout cas son désir de « continuer à servir le peuple sénégalais et l’important enjeu d’établir la paix et la sécurité à travers le Sahel ».