Des « écarts inacceptables » dans le système de rémunération des agents de l’Etat au Sénégal (économiste)

Des « écarts inacceptables » et « énormément de dysfonctionnements » sont notés dans la rémunération des agents de l’Etat, déclare avoir remarqué l’économiste Mounirou Ndiaye.
« Il y a près de 200 textes qui encadrent le système de rémunération. C’est dans leur application que le problème se pose, avec des contrats spéciaux, des indemnités et primes qui n’ont aucun soubassement légal », a souligné M. Ndiaye lors d’un panel sur le « Rapport sur le système de rémunération des agents de l’administration », mardi, à Dakar.
Avec la création « à outrance d’agences, depuis les années 2000, il y a eu des régimes spéciaux de rémunération, de traitement salarial et d’indemnités », a-t-il dit, ajoutant qu’il arrive de voir « des écarts de rémunération assez énormes » pour des agents qui ont le même grade.
Depuis plusieurs années, a constaté M. Ndiaye, « des dysfonctionnements ont marqué la fonction publique, à la fois dans son organisation, son fonctionnement et la gestion de ses ressources humaines ».
« Il faudrait, sur le plan institutionnel, apporter des correctifs qui respectent les principes d’objectivité, d’équité et de légalité dans le traitement des fonctionnaires du Sénégal », a-t-il proposé lors du panel organisé par la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep).
Pour mettre fin aux « écarts » et « dysfonctionnements » soulevés, il faut « redéfinir le contrat social avec les agents de l’Etat » et « réduire les dépenses fiscales par une révision des régimes d’exonération et rationaliser les choix budgétaires de l’Etat », suggère Mounirou Ndiaye.
« De 2000 à 2014, la masse salariale a connu une hausse de 175% alors que les effectifs sur la même période n’ont connu qu’une hausse de 57% », a souligné l’économiste Souleymane Astou Diagne.
« Toutes les réformes de la politique de rémunération des agents de l’administration doivent se réaliser dans le périmètre des critères de convergence de l’UEMOA et des engagements pris devant les PTF », les partenaires techniques et financiers de l’Etat, recommande M. Diagne lors du panel.
Il précise par ailleurs que les enseignants représentent 77,79% de l’effectif des fonctionnaires au Sénégal.
Le gouvernement a fait faire une étude sur le système de rémunération des agents de l’administration, en vue d’ »une meilleure allocation des ressources publiques ».
La Cosydep organisait le panel pour les activités de son programme « Nos vacances pour l’école », dans le but d’aider les syndicats d’enseignants à mieux appréhender le « Rapport sur le système de rémunération des agents de l’administration », selon son directeur exécutif, Cheikh Mbow.
L’organisation qu’il dirige veut emmener les syndicats d’enseignants à « adopter des positions pertinentes, raisonnables et réalistes dans les négociations avec le gouvernement ».
Les leaders des syndicats d’enseignants doivent prochainement discuter avec les autorités gouvernementales du système de rémunération des agents de l’administration.
Le panel va permettre aux enseignants de « prévenir les tensions » avec l’Etat, selon M. Mbow.
« Un dialogue social de qualité doit être basé sur la connaissance des dossiers, afin de mettre tous les atouts de notre côté avant d’aller aux négociations », a dit le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal, Souleymane Diallo.
« Il est important, en tant que partenaires sociaux, d’avoir toutes les informations relatives à cette question avant d’aller vers des négociations gagnant-gagnant avec l’Etat, le commanditaire de cette étude » sur la rémunération de ses agents, a-t-il estimé.