Décès de Colette Senghor, épouse de Léopold Sédar Senghor

Colette Hubert Senghor, veuve du président poète Léopold Sédar Senghor, est décédée ce lundi en France, ont annoncé plusieurs médias français.

La défunte, née le 20 novembre 1925 à Mouzay, dans la Meuse, avait épousé, le 18 octobre 1957, Léopold Sedar Senghor et a été par la suite Première dame du Sénégal durant les vingt ans de règne du président . Elle aurait eu 94 ans dans 2 jours. Colette Senghor est décédée dans sa maison de Verson en Normandie.

Après le décès de son époux, le 20 décembre 2001, Colette Senghor fait le choix de rester dans la propriété familiale de Verson. Elle y vivait seule, et recevait régulièrement la visite de sa sœur et d’une religieuse. Au début des années 2000, Colette Senghor apprend qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer et choisit de rester en Normandie.
Celle qui a côtoyé les plus grands de ce monde, avait « un caractère bien trempé mais restait très accessible » et était très aimée des habitants. Ils passaient devant chez elle et regardaient sa maison de manière affectueuse, raconte le maire de la ville.

Culture : Dakar inaugure son Musée des civilisations noires

La cérémonie d’inauguration de cette galerie aura lieu demain 06 décembre. Ce projet panafricain aura pris un demi-siècle pour se concrétiser.

 

Le Sénégal inaugure jeudi 6 décembre à Dakar un musée consacré aux « civilisations noires » depuis l’aube de l’humanité, un projet « panafricain » concrétisé un demi-siècle après son lancement par le premier président du pays, Léopold Sédar Senghor (1960-1980), au moment où progresse l’idée d’une restitution au continent de son patrimoine culturel. A l’image de ce Musée des civilisations noires (MCN), la réhabilitation ou la construction de musées modernes à travers l’Afrique bat en brèche l’argument du manque d’infrastructures adaptées, souvent opposé aux demandes de restitution, que des pays comme la France affirment vouloir faciliter.

Sept ans après le début des travaux sous le président Abdoulaye Wade (2000-2012), le ruban sera coupé vers 10 heures (GMT et locales) par son successeur Macky Sall. D’une architecture monumentale inspirée notamment des cases rondes de Casamance, une région du sud du Sénégal, le MCN fait face au Grand Théâtre, aux portes du quartier administratif et des affaires de Dakar. D’une surface de 14 000 m2, il pourra accueillir 18 000 pièces, allant de vestiges des premiers hominidés, apparus en Afrique il y a plusieurs millions d’années, aux créations artistiques actuelles, selon son directeur, Hamady Bocoum.

« Un projet panafricain »

Sa construction et son aménagement ont été financés par la Chine pour plus de 30 millions d’euros. Sans dévoiler précisément les objets qui seront exposés lors de l’ouverture, M. Bocoum a évoqué la présence de crânes, d’outils en pierre, de peintures, de sculptures et autres masques. « C’est un projet panafricain. Il y aura une facette de chaque partie de l’Afrique », a-t-il souligné, en assurant que le musée pourra accueillir des œuvres d’autres pays du continent moins bien dotés.

L’ouverture du MCN est une « contribution importante au tissu des musées en Afrique de l’Ouest », a abondé le Béninois Alain Godonou, responsable du patrimoine pour la nouvelle Agence de promotion du tourisme de son pays, interrogé par l’AFP. Cette inauguration intervient alors qu’un rapport remis le 23 novembre au président français Emmanuel Macron, rédigé par deux universitaires, la Française Bénédicte Savoy et le Sénégalais Felwine Sarr, préconise de faciliter les restitutions d’œuvres aux anciennes colonies.

Une évolution saluée par le ministre sénégalais de la culture, Abdou Latif Coulibaly. Si les responsables français décident « de restituer définitivement [des œuvres], nous trouverons des moyens pour les récupérer », a-t-il précisé. « S’ils ont décidé une autre forme de restitution, dépôt ou prêt, nous sommes disposés à trouver des solutions avec la France », a ajouté M. Coulibaly, se disant prêt à en récupérer le plus grand nombre possible, sans pouvoir l’estimer.

Le MCN « revendique le statut de musée moderne » où « l’on peut maîtriser la température et l’humidité dans chacune des salles », a précisé M. Bocoum. « Le Bénin arrive aussi », avec l’ouverture prévue en 2020 de quatre musées modernes dans des villes historiques, a souligné Ousmane Aledji, chargé de mission auprès de la présidence de son pays, auquel M. Macron a annoncé dès la remise du rapport la restitution de 26 œuvres réclamées par Cotonou.

« Se projeter » vers l’avenir

Ce type de projets « vient aussi vider de leur contenu un certain nombre de petits débats sur l’Afrique », a estimé M. Aledji, en référence aux doutes exprimés par certains experts sur les conditions d’accueil de ces œuvres. « Si ces biens appartiennent aux Africains, de quoi les Occidentaux se mêlent de savoir si l’Afrique sait les garder ou non ? », s’est interrogé avec véhémence le recteur de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, tenant son nom d’un intellectuel sénégalais qui a contribué à réhabiliter l’apport des populations noires à la culture mondiale.

« La question est fausse, puisque la réponse est déjà donnée par les Africains qui les ont produits et gardés pendant des siècles dans d’excellentes conditions hors des musées », a ajouté le recteur de la principale université du Sénégal, Ibrahima Thioub.

L’idée d’un Musée des civilisations noires avait été lancée par le poète Léopold Sédar Senghor, premier président du pays, lors du premier Festival mondial des arts nègres en 1966 à Dakar. Un demi-siècle plus tard, le MCN voit le jour et « tout le monde y sera, pour démontrer notre ouverture et notre capacité à dire aux autres : “Nous existons, mais nous existons avec vous et en compagnie de vous” », a affirmé le ministre de la culture. Le MCN veut mettre en exergue « la contribution de l’Afrique au patrimoine culturel et scientifique », souligne M. Bocoum. Mais son objectif est « surtout de se projeter » vers l’avenir. « Nous n’allons pas rester dans la contemplation », a-t-il promis.