Innocence Ntap Ndiaye: «Ce que m’avait conseillé Bruno»

La Présidente du Haut Conseil du Dialogue social a été, ce samedi, l’invitée du Grand Oral. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi FM, Innocence Ntap Ndiaye est revenue sur plusieurs sujets d’actualité, notamment le décès de Bruno Diatta et les syndicats qui menacent d’aller en grève, à quelques jours seulement de la rentrée des classes 2018-2019. Morceaux choisis.

« Bruno m’a conseillé de m’engager politiquement pour… »

Vous me donnez l’occasion de renouveler mes condoléances à l’endroit du peuple sénégalais. Par devoir de mémoire, je voudrais, au nom de tous les membres du Haut Conseil du Dialogue social et en mon nom propre, présenter mes sincères condoléances à la famille de feu le Ministre Bruno Diatta, Chef du Protocole à la Présidence de la République, à son épouse, ses enfants, frère et sœur. Mais sa famille, c’était le Sénégal tout simplement. C’est pour cela qu’il a servi tous les Chefs d’Etat, de feu le Président Senghor à Son Excellence Monsieur Macky Sall, en passant par les Présidents Abdou Diouf et Maître Abdoulaye Wade. De mémoire de citoyen, la journée que j’ai vécue, jeudi dernier, est une journée exceptionnelle. Et aujourd’hui, les dés sont jetés, Bruno nous a quittés et repose pour l’éternel au cimetière de Bel-Air, à côté de ses parents. Nous rendons grâce à Dieu qui nous a permis de le connaître, de partager avec lui quelque chose et de pouvoir témoigner pour la postérité. En ce qui me concerne, j’ai connu Bruno quand j’avais 33 ans. Ce n’est pas le moment où j’étais dans les arcanes du pouvoir. Bien au contraire, je sortais de mes études de droit à l’UCAD et j’avais des engagements pour ma région qui était en train de connaître une crise de plusieurs années. J’ai intégré l’Association des cadres casamançais au sein duquel j’avais des prises de position qui n’étaient pas souvent partagées. Mais, j’étais soutenue par le ministre Landing Sané, au moment où je rencontrais Bruno Diatta puisque c’est lui qui m’a amené chez lui. Je ne sais pas si c’est ma jeunesse ou c’est parce que j’étais une femme, en tout cas il a estimé qu’il fallait qu’on m’écoute quelque part. Il m’a conduite un soir chez Bruno Diatta et j’ai exposé ma vision de ce qu’il faut faire de cette crise. J’ai dit que si on ne le faisait pas, cette crise pouvait être trop longue (…). C’est ainsi que le Président Abdou Diouf m’a reçu. Bruno m’a conseillé de m’engager politiquement pour ma région. Je pense qu’il a joué un rôle dans tout ce qui m’est arrivé. C’est une marque de reconnaissance, de gratitude que depuis vendredi, jour de son décès, j’ai essayé d’être présente à côté de sa famille, de son épouse, de ses enfants, de son frère, de sa sœur à qui je présente mes sincères condoléances. Et je pense que toute la Casamance devrait lui exprimer une profonde gratitude.

« ABC devrait parler au Président plutôt que de… »

Il y a beaucoup de polluants dans la communication. Je vais devoir recadrer avec beaucoup de regret Monsieur le Médiateur de la République. Je pense que même si au cours d’une mission vous êtes confrontés à certaines réalités, parce que nous tous avons des parents partout dans le Sénégal, sa posture, sa mission, sa position font qu’il devrait, par une note, informer le chef de l’Etat. Je ne vais pas lui apprendre le travail parce que je sais que c’est un homme de qualité. J’ai été véritablement attristée par sa sortie. Je voudrais profiter de cette occasion solennelle pour lui lancer un appel parce que c’est mon frère. C’est une sœur qui parle à son frère et je lui dis que ce n’est pas sa mission. Il ne devrait pas l’exécuter comme ça. S’il veut se présenter lors des prochaines élections, mais il est libre, même si tout le monde n’est pas Macky Sall. Il a un parcours, il a eu un cursus, il y a eu des élections transparentes et il est là. Mais qu’on le fasse avec élégance, d’autant plus qu’ils sont des amis de la première heure. Il a fait un choix très tôt d’accompagner le Président. Il devrait parler au Président.

Préavis de grève des syndicats d’enseignants : Innocence ne comprend pas !

Au niveau du Haut Conseil, nous sortons d’une session pré-rentrée. Et, cette session est organisée pour qu’on puisse faire une revue de l’état d’exécution des accords qui ont été signés le 30 avril dernier. Nous avons aussi eu un autre volet qui est un renforcement de capacités. Nous avions tenu cette session avec les représentants des 7 syndicats les plus représentatifs, en présence des institutions de la République. Je veux nommer le Conseil économique, social et environnemental, le Haut Conseil des Collectivités locales et la Présidence de la République. Nous avons fait une revue point par point sur l’exécution des accords. Il faut dire que des recommandations ont été formulées pour chaque point dans le sens d’accélérer la mise en œuvre. Déjà, ce qui a été fait a été magnifié par les syndicats présents. Une motion de félicitation a été même adressée au Ministère des Finances pour le dispositif mis en place pour gérer toutes les questions liées aux relations avec les partenaires. Certains points des accords ont été respectés. Sur les points qui n’ont pas été respectés, ou partiellement, sur notre demande, le Premier ministre a réuni tous les secrétaires généraux pour le monitoring. Nous, notre activité est une activité normale inscrite dans l’agenda du Haut Conseil du Dialogue social. Mais nous ne pouvons pas participer à un renforcement des capacités des partenaires sans pour autant faire la revue des points. C’est pour cela que nous avons deux volets, notamment la formation et la revue des points. Le volet formation porte sur la retraite des enseignants, sur la dématérialisation qui est en cours au niveau de la fonction publique et sur la fiscalité sur les salaires de façon générale. A ma grande surprise, j’ai entendu ici et là quelques menaces, mais je suis habituée aux stratégies des partenaires sociaux. Je me réjouis du fait que les partenaires sociaux qui ont été présents à la réunion de monitoring du Premier ministre ont dégagé des pistes. Et que les pistes, c’est que le Premier ministre les reçoit le 22 novembre. Lors de cette réunion, le Premier ministre a aussi donné des directives pour les ministres afin qu’ils continuent de recevoir les syndicats. Donc, je ne comprends pas qu’on puisse menacer par le dépôt de préavis de grève.

Un rapport sur le gaz et le pétrole remis au président Sall

Je ne pense pas qu’on soit au cœur du dialogue. Nous avons voulu en tant que structure nationale de dialogue national, la seule qui soit tripartite où siège le gouvernement, le secteur privé et les employeurs, donné notre modeste contribution pour féliciter aussi le Président de la République pour l’initiative qu’il avait prise d’organiser la concertation nationale. Cela fait suite à cela. Nous avons estimé en tant qu’institution tripartite, que nous ne pouvons pas aller à cette concertation et de donner un avis sans avoir au préalable réuni les différents représentants de ces segments qui siègent au sein du Haut Conseil du Dialogue social. C’est ainsi que nous avions organisé une session dédiée à cette thématique qui a vu la participation des experts. Aujourd’hui, nous connaissons le potentiel gazier et pétrolier du Sénégal et nous avons réfléchi suivant plusieurs axes. Nous avons un rapport où toutes les questions liées à l’emploi, aux conditions de travail, la formation professionnelle, au dialogue social,… ont été visitées et des recommandations ont été formulées. Le rapport a été remis au Président de la République. Il a été remis aussi au Premier ministre, au ministère du pétrole et des énergies (…). Mais dans une séance de partage que nous voulons faire avec la presse et les différents acteurs, nous allons dévoiler ce rapport.