Affaire du quai de pêche de Mbour : Deux ans de prison dont un mois ferme requis contre les manifestants

Le procureur près le Tribunal de grande instance (TGI) de Mbour (ouest) a requis deux ans de prison dont 1 mois ferme contre les personnes arrêtées lors des manifestations contre la construction d’un deuxième quai de pêche dans la capitale de la Petite-côte, a constaté l’APS.
Le procès qui s’est tenu mardi a permis de constater que seuls deux personnes parmi les quatorze prévenus sont des pêcheurs. Le reste est composé de marchands ambulants et autres commerçants.
Toutes les personnes qui ont comparu devant le juge du TGI de Mbour, pour répondre des délits de « coups et blessures volontaires à agents dans l’exercice de leurs fonctions, dommage à la propriété immobilière d’autrui, trouble à l’ordre public », n’ont pas reconnu les faits qui leur sont reprochés, niant être impliquées « de près ou de loin » dans cette affaire.
Les policiers, qui constituent la partie civile, n’ont pas reconnu les prévenus parmi les manifestants.
Le procureur près le TGI de Mbour a rappelé que cette journée a été marquée par une « violence inouïe ».
« Nous avons vu des populations qui manifestent pour un désaccord à un projet de l’Etat, qui ont exercé des violences sur ceux qui doivent veiller sur notre sécurité. Il n’est pas interdit de manifester son désaccord. Mais on doit le faire dans le respect des lois et règlements de notre pays », a-t-il fait valoir.
Relevant que ces manifestants se sont bien préparés, le maître des poursuites s’est demandé « au nom de quoi doit-on exercer cette violence ? ».
Au cours du procès, la vidéo dans laquelle on voit les policiers se replier s’est invitée dans les débats, faisant dire au procureur que « ce qui est désolant dans cette affaire, c’est que les forces de défense puissent se replier parce qu’elles sont prises d’assaut par les manifestants (…) ».
Pour lui, il y a une prise de conscience à faire pour tout un chacun. « Ce n’est pas en s’opposant de cette manière qu’on va parvenir à régler une situation. Ces manifestations ont compromis la sécurité publique », a-t-il déploré.
« Les gens qui manifestaient ne savaient même pas de quoi il s’agissait. Tous ceux qui sont arrêtés l’ont été dans le feu de l’action. Il faut que les gens privilégient le dialogue », a indiqué le procureur, précisant que tous les prévenus ont été interpellés dans le théâtre des opérations.
Les prévenus seront fixés sur leur sort le mardi 14 janvier prochain jour du délibéré.

Le ministre rassure les pêcheurs opposés au nouveau quai de pêche à Mbour

Des échauffourées ont opposé lundi des policiers à des pêcheurs opposés à l’érection d’un nouveau quai de pêche devant être construit au quartier Téfesse, à Mbour (ouest), des accrochages qui ont perturbé pendant de longs moments le commerce et la circulation dans une bonne partie du centre-ville de la capitale de la Petite-Côte.
Les policiers ont dû faire face à la furie des manifestants prêts à en découdre avec les forces de l’ordre.
Une situation en raison de laquelle le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye, est allé à Mbour où il a présidé une réunion sur le sujet à la préfecture, en présence des acteurs et d’autres parties concernées par le différend.
Les manifestants disent s’opposer à la décision, unilatérale selon eux, de construire un quai de pêche sur un site situé au quartier Téfesse, sans consulter au préalable « les véritables acteurs de la pêche artisanale ».
Selon le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye, l’opposition à ce projet s’explique par une « désinformation » consistant à faire croire aux populations qu’une usine de farine de poisson est en construction sur le site en question, en lieu et place d’un quai de pêche. « Ce qui est absolument faux ! » a-t-il martelé.
« Les techniciens du ministère ont travaillé jusqu’à obtenir un financement (…) pour réaliser un projet de plus de six milliards de francs CFA entre Joal-Fadiouth et Mbour, soit trois milliards de francs CFA par site en termes de construction et d’équipements », a souligné M. Ndoye.
« On a fait croire à la population que si ce projet se réalisait, certaines pirogues ne pourront plus accoster, entre autres fausses informations, pour embrigader une jeunesse. Les techniciens ont démontré qu’en réalisant ce projet, qui est une demande forte des acteurs, une nouvelle route va être faite en plus d’autres avantages », a-t-il assuré.
Alioune Ndoye a dénoncé des « stratégies d’acteurs qui n’ont rien à voir avec les intérêts des pêcheurs de Mbour’’. Il a demandé au préfet du département de Mbour de lever le dispositif sécuritaire, parce que « l’Etat reste l’Etat ».
« Le jour où il n’y aura plus d’Etat, aucun de nous ne sera en sécurité. C’est l’Etat qui assure notre sécurité », a argué Alioune Ndoye.

Délocaliser la construction du 2ème quai de Mbour serait « une grosse perte » (Ministre)

 La délocalisation du projet de construction d’un nouveau quai de pêche au quartier Téfesse, à Mbour (ouest), serait « une grosse perte » pour les acteurs de la pêche artisanale de la capitale de la Petite-Cote, a averti lundi le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye.
« S’il est nécessaire, l’Etat verra comment déplacer ce projet ailleurs, parce qu’aujourd’hui, tout le monde est demandeur. Et ce sera une grosse perte pour les acteurs de la pêche de Mbour », a-t-il déclaré au terme d’une réunion qu’il a présidée sur le sujet à la préfecture de Mbour.
Cette réunion a eu lieu à la suite de l’opposition manifestée par certains pêcheurs à ce projet, ce qui a engendré des échauffourées entre eux et les forces de l’ordre.
« On construit un quai de pêche, on ne construit pas une usine de farine de poisson » comme le disent les opposants à ce projet, a martelé le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime.
Il promet de prendre les dispositions nécessaires pour que la bonne information aille vers tous les Mbourois.
Selon Alioune Ndoye, certains, qui se déclarent aujourd’hui « contre ce projet, sont à l’origine de ce même projet, et pour d’autres intérêts, ils s’y opposent » maintenant. « Ce n’est pas acceptable ! » a-t-il dénoncé.
« Pour que nul n’en n’ignore, si demain ce projet de plus de trois milliards de francs CFA est délocalisé, que les gens sachent qui est responsable d’une telle situation. Et je rappelle que nous ne sommes pas venus prendre le titre foncier de quelqu’un, nous sommes sur le domaine maritime de l’Etat, sa propriété privée », a-t-il soutenu.