Cet élan de solidarité est dans le but de permettre aux familles défavorisées de rompre le jeûne avec un repas copieux
Au Sénégal, le mois du Ramadan est un moment de partage et de solidarité. Pendant cette période, partout dans les rues, dans les quartiers, dans les lieux de convergence de Dakar, des associations musulmanes s’organisent pour offrir le repas de rupture de jeûne aux démunis. À Ouakam, un quartier de Dakar, un groupe de jeunes mourides membres de l’une des grandes confréries soufies du Sénégal occupe un petit coin de la rue depuis le début du Ramadan.
Il est 17 heures, ce dimanche 3 juin, soit près de 3 heures avant la rupture du jeûne ; des jeunes s’attellent à préparer le repas de rupture de jeûne communément appelé « Ndogou ». Leur but est de nourrir ceux qui ont jeûnés mais qui n’ont pas les moyens de s’acheter à manger.
« Cela fait quatre ans que nous avons lancé cet élan de solidarité pour aider les populations à rompre le jeûne », raconte Modou Fall, l’un de ces jeunes. « Celui qui offre à manger à un musulman qui a jeûné pendant la rupture, sera béni à hauteur de la récompense du jeûne », ajoute-t-il, rappelant les enseignements du prophète Mohammed.
Fall et ses amis sont membres d’une dahira (association de fidèles mourides). Toute l’année, ils ont cotisé 200 francs CFA (30 centimes d’euros) chacun, chaque dimanche, pour pouvoir acheter le nécessaire pour la rupture du jeûne : café, sucre, du lait, dattes, pain.
Aux sommes recueillies grâce aux cotisations, s’ajoutent celles données par des « bonnes volontés ». Pour ce faire, les membres de la dahira procèdent à des quêtes dans les rues, pendant les après-midi de Ramadan. Calebasses à la main, ils stoppent des voitures, des passants, pour leur demander « gentiment » de participer à « l’effort » du Ramadan « en aidant à aider ».
« Les gens donnent ce qu’ils peuvent ; ça peut aller de moins de 100 (15 centimes d’euros) à FCFA à 2000 FCFA (3 €) », renseigne Saliou Sène, un étudiant en deuxième année de géographie et membre d’une autre dahira, dans le même quartier. « Ces repas permettent aux talibés (élèves des écoles coraniques) de ne pas mendier. C’est pourquoi, ils sont les premiers à bénéficier de nos services », a indiqué l’étudiant.
Au Sénégal, de nombreux enfants, élèves d’école coranique mendient pour se nourrir. Bien que décrié, le phénomène persiste.
Venir en aide aux familles démunies
Ceux qui ne peuvent pas être à la maison pour une raison ou pour une autre, au moment de la rupture du jeûne sont aussi la cible de ces « bienfaiteurs » du mois de Ramadan.
En plus des dahira, d’autres associations viennent en aide aux familles démunies. C’est le cas du groupe d’amis « No stress land ». « Pour la 5e édition de notre action sociale, nous avons offert une ration alimentaire complète d’une durée d’un mois à 200 familles démunies sénégalaises durant ce mois béni de Ramadan », explique son président Sanou Ndiaye qui salue l’esprit de « solidarité et d’entraide » des Sénégalais.
Ces démarches sont appréciées des bénéficiaires.
Babacar Ndiaye, un vigile dont le « Ndogou » est assuré par une dahira exprime sa reconnaissance : « Ce que font ces jeunes est magnifique. Sans eux, ç’aurait été plus compliqué pour des gens comme nous ».