Sénégal : un marabout crée la polémique en voulant islamiser les catholiques de Diohine

Un marabout qui a décidé de convertir les catholiques de Diohine à l’islam, crée la polémique. Une vidéo d’affrontement entre ses disciples et des jeunes du village défraie la chronique.

En effet, les actions d’un marabout aux convictions particulières troublent la bonne cohabitation entre catholiques et musulmans dans ce village. Serigne Bara Sène a entrepris de convertir les membres de la communauté catholique de Diohine à l’Islam, de gré ou de force.

Et le marabout qui a entrepris de convertir les catholiques de Diohine à l’islam opterait pour des méthodes violentes, selon le témoignage de plusieurs jeunes.

« On a noté beaucoup de scènes de violences dans notre village, depuis l’installation du Dahira de ce marabout. On m’a rapporté que ses disciples ont forcé une jeune catholique à enlever la croix qu’il portait autour du cou. Ils ont voulu la convertir à l’Islam de force. Aussi, quand il passe avec son cortège, ses disciples exigent la fermeture de toutes les boutiques du village et que la route lui soit cédée entièrement. Nous ne laisserons pas ça passer« , a confié une jeune étudiante à nos confrères de PressAfrik.

Notons de plus que plusieurs affrontements ont eu lieu depuis dimanche, entre les disciples du Serigne Bara Sène et des jeunes du village. Des affrontements qui ont vu l’intervention de la gendarmerie de Keur Martin, ainsi que des plaintes déposées.

Las de cette situation, les jeunes de Diohine comptent organiser une assemblée générale le samedi 17 avril. Leur but est de faire quitter le village, celui qui menace la bonne cohabitation entre les différentes communautés.

Et alors que les autorités ont été interpellées sur cette situation, Serigne Cheikh Ndigal Sène, père du jeune marabout mis en cause, a joint Edouard Diène, le chef du village. Il a présenté ses excuses à la communauté villageoise tout en indiquant que son fils « doit se plier aux règles du village ». Le chef de village a donc invité les jeunes au calme, le temps que les médiations engagées n’aboutissent.

Situé dans la région de Fatick au Sénégal, Diohine est un village à prédominance catholique comptant environ 3000 habitants.

 

Violence basée sur le genre : 68 % des victimes adoptent le silence

Les victimes des violences au Sénégal ne font pas recours à la justice selon la coordonnatrice du programme ONUFEMME-Sénégal, Dieynaba Wane Ndiaye.

Au Sénégal les femmes sont victimes de plusieurs sortes de violences et la majorité des victimes préfère garder le silence. Ce qui augmente le taux d’impunité des responsables de ces exactions. Selon la coordonnatrice du programme ONUFEMME-Sénégal, Dieynaba Wane Ndiaye 68 % des victimes ne portent pas plainte ou ne dénoncent pas les exactions commises contre elles. Elle a donné ces chiffres lors de la rencontre en collaboration avec le ministère de la Femme, de la Famille et du Genre entre dans le cadre de l’agenda des « 16 jours d’activisme pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles ».

Les violences que subissent les femmes au Sénégal sont de plusieurs genres, l’excision, les violences conjugales, le viol et bien d’autres. Parlant de la pratique de l’excision sur la jeune fille, Dieynaba Wane a déclaré que « pour la pratique de l’excision et des mutilations génitales, quelques régions sortent du lot ».

D’après elle, progressivement, la pratique de l’excision et des mutilations génitales est de moins de 5% dans le nord du Sénégal, mais dépasse 10% dans le sud.

« Nous savons tout de même qu’au nord, il y a un hub de plus de 61% et cela démontre que nous avons une cartographie de ce phénomène qui va nous permettre de développer des programmes d’actions pour voir quelles sont les actions à mener. »

Elle a également lors de cette rencontre partagé des données de l’Enquête démographique et de santé-2017 (EDS-2017) sur le pouvoir d’action des femmes et les VBG. Les résultats de cette enquête ont révélé que toutes ces sortes de violences relèvent de violences domestiques, de violences en milieu professionnel et de violences en milieu de formation.

« Les résultats que nous venons de partager vont nous permettre ensemble de développer des stratégies permettant d’éradiquer ce phénomène dans les toutes prochaines années », a dit Mme Ndiaye, précisant que cela passe par le renforcement de la sensibilisation, de l’information et de la formation.

Elle s’est dite satisfaite du déroulement de cet atelier de restitution de l’EDS-2017 qui, pour la première fois, a intégré les questions de VBG et d’autonomisation de la femme dans ses activités.

« Cette restitution nous montre qu’il y a encore beaucoup à faire sur les questions de violence, mais aussi nous gratifie de statistiques fiables pour les différentes régions du Sénégal », a dit Dieynaba Wane Ndiaye.