Un nouveau rapport de la Banque mondiale, soulignant les « contraintes structurelles » compromettant « l’efficacité de l’investissement et la croissance soutenue » au Sénégal, préconise « un cadre de politique de la concurrence détaillé » incluant « un ensemble de politiques et de lois veillant à ce que la concurrence sur le marché ne soit pas restreinte de manière à réduire le bien-être économique ».
« Une concurrence accrue est possible via un cadre de politique de la concurrence détaillé qui comprend un ensemble de politiques et de lois veillant à ce que la concurrence sur le marché ne soit pas restreinte de manière à réduire le bien-être économique », lit-on dans le résumé de ce rapport intitulé « Sénégal : de meilleurs marchés pour tous grâce à la politique de la concurrence ».
Les auteurs de cette étude s’appuient sur la Trousse à outils d’évaluation des politiques de concurrence et des marchés (MCPAT) du groupe de la Banque mondiale, pour une évaluation visant « à répondre aux besoins de réforme microéconomique du pays et à identifier des solutions pro-concurrence viables pour améliorer les résultats des initiatives gouvernementales en cours ».
« Plus spécifiquement, écrivent-ils, le présent rapport passe en revue l’état des politiques de concurrence et leur efficacité pour la promotion de marchés fonctionnels et une allocation plus efficace des ressources au Sénégal ».
« Il donne un aperçu du caractère restrictif des réglementations et des politiques gouvernementales qui affectent les marchés de produits dans l’économie et dans deux secteurs sélectionnés (secteurs de l’arachide et des télécommunications), ainsi que de l’efficacité du cadre concurrentiel et antitrust ».
Le rapport note que « les contraintes structurelles compromettent l’efficacité de l’investissement et la croissance soutenue ».
Il signale que « malgré les récentes tendances positives », la croissance de l’agriculture par exemple « a été lente et volatile, et les gains de productivité se sont raréfiés malgré le potentiel élevé du secteur et sa part importante d’emplois ».
« De plus, jugent les experts de la Banque mondiale, le pays ne tire pas pleinement parti des infrastructures existantes. C’est le cas des infrastructures des technologies de l’information et de la communication (TIC), notamment le réseau de fibre optique ».
Ils rappellent que l’un des principaux défis pour le Sénégal « consiste à entreprendre des réformes structurelles pour réduire sa vulnérabilité aux chocs exogènes, favoriser la diversification économique et traduire une croissance économique soutenue en création d’emplois et en réduction de l’extrême pauvreté ».
Dans cette perspective, le rapport signale qu’un diagnostic de croissance du Millennium Challenge Corporation (MCC) avait « identifié des risques microéconomiques, un environnement réglementaire imprévisible et inefficace par exemple, parmi les contraintes à la croissance ».
De même, le Fonds monétaire international avait « averti que ‘pour que la croissance soit soutenue, de nouvelles réformes sont nécessaires pour améliorer l’environnement des affaires et créer un espace économique pour les investissements privés nationaux et étrangers’ », ajoutent les auteurs du rapport.
Ils expliquent que les réformes en cours, « des investissements totaux plus élevés et des conditions climatiques favorables contribuent à expliquer » les « performances » du Sénégal, dont la croissance économique « a augmenté de plus de 6 pour cent depuis 2015 – et la tendance devrait se poursuivre en 2018 et au-delà ».
Cette croissance « a atteint 6,2 pour cent en 2016 et 7,2 pour cent en 2017, tirée par le secteur primaire, avec environ 13 pour cent de croissance et stimulée par la pêche et l’agriculture. Le secteur secondaire a également connu une croissance rapide de 4,5 pour cent soutenue par les industries alimentaires, chimiques et extractives (phosphates et or) », relève le rapport.
Les services, pour leur part, « ont progressé de 6,6 pour cent grâce aux services financiers, de transport et d’intermédiation », font-ils observer, ajoutant que les risques à la baisse de la croissance « comprennent la hausse des prix d’importation du pétrole et de produits alimentaires ».
Aussi la recherche de solutions aux défis macroéconomiques du Sénégal, « notamment le soutien à une croissance élevée », permet-elle « de mieux comprendre les contraintes microéconomiques qui affectent les secteurs clés », étant entendu que les politiques macro-budgétaires ont soutenu la croissance, sans compter que « le Sénégal bénéficie d’autres facteurs tels que sa position côtière et ses 1.500 kilomètres de réseau de fibre optique ».